Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
jeudi 2 décembre 2021
Jacques Halbronn La dérive des astrologues vers Pierre d'Ailly et Nosttradamius :: Denis Labouré, Yves Lenoble, Patriice Guinard
La dérive des astrologues vers Pierre d’Ailly et Nostradamus: Denis Labouré, Yves Lenoble, Patrice Guinard par Jacques Halbronn
On s’efforcera ici de comprendre ce qui aura conduit certains chercheurs en astrologie à se référer à des oeuvres assez hybrides telles que celles associées à Pierre d’Ailly (XVe siècle) et à Nostradamus(XVIe siècle) Nous sommes d’autant plus à traiter de ce phénoméne que nos travaux universitaires (thèse d’Etat 1999 et post-doctorat, 2007) traitent du prophétisme alors que notre première thèse (1979) parut (en 1985) sous le titre « Le monde juif et l’astrologie »‘. Comment comprendre, interpréter un tel glissement?
Denis Labouré a publié récemment « Astrologie a Religion au Moyen Age » tout en s’y consacrant essebntiellement au cardinal Pierre d’Ailly comme indiqué sur la 4e de couvertur e qui ne mentionne que ce seul « rédigea au XIIIe siècle » alors qu’il appartient à la fin du XIVe siècle et au début du XVe! (1351-1420), ses textes principaux datant du XVe siècle et notamment ceux qui traitent de la fameuse année 1789 et qui datent de 1414!
Or l’astrologie de Pierre d’ailly n’est pas du meilleur aloi en ce qu’elle combine allégrement données astronomiques et computations numériques habillées allégrement d’astronomie. En effet, la série 889-1189-1489-1789 ne comporte aucun support astronomique valable car le fait d’observer que les 300 ans qui séparent ces différentes dates renverrait à Saturne est « tiré par les cheveux », si ce n’est que cela témoigne sociologiquement d’un certain intérêt pour cet astre dans la tradition astrologique avec ses environ 30 ans de cyclicité. C’est un peu prendre des vessies pour des lanternes. Yves Lenoble - pas trop regardant – met pour sa part en avant la « réussite » prévisionnelle de Pierre D’Ailly à mettre au crédit de l’Astrologie. » L’astrologie s’est en effet toujours voulu annonciatrice des grands événements de l’Histoire. Ainsi, le cardinal d’Ailly et Nostradamus avaient prévu très longtemps à l’avance la révolution de 1789. Et d’ores et déjà, les prochains rendez-vous planétaires du XXIè siècle sont annoncés » (Le Voyage etc) On instrumentalise donc Ailly au service de la cause astrologique. Il eut convenu, plus prudemment, de saluer la tentative assez vaine de la part du cardinal en faveur de l’astrologie, ce qui lui permettait de reporter les échéances prophétiques vers un futur lointain, en ces temps agités du début du XVe siècle. Au XVIe siècle, ces spéculations se retrouveront chez Richard Roussat mais aussi dans la pseudo épitre de Nostradamus adressée au Roi de France Valois Henri II , datée de 1558. »icelle année sera faicte plus grande persécution de l »église chrestienne que n’a esté faicte en Afrique & durera cette cy iusques l’an mil sept cens nonante deux que l’on cuydera estre renovation de siecle Après commencera le peuple Romain de se redresser & déchasser quelques obscures ténébres recevant quelque peu de leur pristine clarté non sans grande division et continuel changement »
Or selon nous, ce texte qui ouvre le second volet des Centuries est en phase avec l’inspiration réformée des trois dernières centuries, où l’on annonce la victoire contre les Lorrains, c’est à dire la maison de Guise, au coeur du camp ligueur. Autrement dit, il s’agit de l’annonce d’une victoire de l’Eglise Chrétienne, ce qui désigne ici les Protestants, les Catholiques devant à terme se « redresser » et renoncer à leurs errances. Patrice Guinard aura beaucoup investi, dans les 20 dernières années de sa vie, sur Nostradamus mais ce ne fut pas spécialement sur la partie proprement astrologique de l’oeuvre authéntique de cet auteur mais bien autour des Centuries dont le contenu astrologique se limite aux textes en prose -dédiés à César et à Henri II, pour l’essentiel; outre le fait que la mention de 1792, on l’a montré plus haut, ne comporte qu’artificiellement un contenu proprement astrologique. Mais qu’était allé faire le fondateur du CURA dans cette galère, comme si une fois soutenue sa thèse de doctorat sur l’astrologie, en 1993, il avait voulu passer à autre chose, ce qui peut se comprendre, d’un point de vue cyclique? Voilà donc Yves Lenoble se référant-on l’ a vu- à Pierre d’Ailly et à Nostradamus pour des textes qui n’ont d’astrologique que le nom..Notons que Lenoble s’est lui aussi beaucoup intéressé à Nostradamus, comme l’atteste en novembre 2004, sa participation active à la session Nostradamus que nous avions organisée et filmée. De même Guinard, en décembre 2000 avait il débattu sur le sujet lors d’un colloque co organisé MAU-CURA (également filmé).. On est donc là dans les marges de l’astrologie, de l’instrumentalisation de celle-ci à des fins politiques. Demandons-nous donc, à présent, quelles ont pu être les causes d’un tel glissement vers des formes douteuses de la production » astrologique » au cours des dernières décennies.
On notera que Lenoble et Guinard, nés à 10 ans d’intervalle (1947 et 1957), ont en commun d’avoir été marqués dans leur formation par l’enseignement de Jean-Pierre Nicola ‘(né en 1929) et de nous avoir fréquenté l’un et l’autre, l’un dans les années 70, l’autre dans les années 80 et au delà. Pourtant Guinard avait trouvé quelque intérêt dans l’Histoire de l’astrologie à la fin du XVIIe siècle, (et notamment de l’oeuvre d’Eustache Le Noble, 1697) du fait de la fréquentation assidue de notre Bibliotheca Astrologica, ce qui fut d’ailleurs aussi le cas de Denis Labouré, d’où la publication, chez Pardés, du traité d’astrologie horaire de Claude Dariot, contemporaine de Nostradamus, en 1990. A vrai dire, nous nous souvenons assez mal de ce qui a pu entrainer Patrice Guinard dans le champ nostradamique mais nous tendons à penser que ce fut peu ou prou à notre exemple. Il est vrai que l’HIstoire de l’astrologie a pu sembler moins excitante pour l’esprit que celle du prophétisme et singulièrement du personnage de Michel de Nostredame.(1503-1566) et Guinard ne se sera d’ailleurs pas privé de se lancer dans l’interprétation de certains quatrains centuriques, et dans une démarche hagiographique que nous avons pour notre part, entendu démystifier, ce qui nous aura souvent opposés, notre approche étant sensiblement plus critique. Cela nous fait penser à ces étudiants en médecine trouvant la matière par trop aride et obliquant vers la psychiatrie, voire vers la psychanalyse. Il est possible également que le débat autour de Nostradamus entre spécialistes avait une autre tenue que celui entre astrologues. Guinard a pu penser qu’il saurait mieux faire la preuve de ses talents parmi les uns que parmi les autres mais il dut se heurter à nos propres positions qui ne l auront pas toujours épargné et l’on est en droit de penser que cela aura pu le miner. Le probléme de Guinard aura tenu au fait qu’il se focalisait exclusivement sur le dossier Nostradamus et qu’il n’abordait pas le champ du prophétisme dont le dit dossier n’était qu’une manifestation parmi d’autres, trop centré sur la période d’activité de Nostradamus dans le temps comme dans l’espace, ce qui l’empecha probablement d’opérer certains recoupements intertextuels et de faire la part de l’imposture et de l’antidatation qui sont au coeur de tout le corpus prophétique et astrologique.
Pour en revenir à Yves Lenoble, lequel place André Barbault au même niveau que Nostradamus !
»Il y a trente ans André Barbault annonçait une pandémie mondiale pour 2020 après avoir prédit, entre autres, dès 1955 la chute de l’Empire soviétique en 1989! L’astrologie s’est en effet toujours voulu annonciatrice des grands événements de l’Histoire. Ainsi, le cardinal d’Ailly et Nostradamus avaient prévu très longtemps à l’avance la révolution de 1789. Et d’ores et déjà, les prochains rendez-vous planétaires du XIè siècle sont annoncés » (Le Voyage etc). Etrange erreur que de situer le texte de Barbault sur la pandémie « 30 ans en arrière alors qu’il parut en 2011: Mais que dire de l’annonce de la « chute de l’empire soviétique » mis sur le même pied que celle de la Révolution Française de 1789? Dans les deux cas, il y a abus: Barbault aura point certes 1989 mais aucunement dans le sens que décrit Lenoble. Tout prouve au contraire que Barbault voyait -du moins jusque ans le cours des années soixante, en 1989 la victoire finale de l’URSS. Quant à 1789, le contexte de l ‘EPitre à Henri II ne permet nullement d’affirmer que ce qui était annoncé aura en quoi que ce soit correspondu aux événements de la fin du XVIIIe siècle, comme nous l’avons montré plus haut. Saluons tout de même ce paralléle mis en exergue entre 1789 et 1989.
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JHB 02 12 21
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