Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
mardi 22 février 2022
Jacques Halbronn Les arts divinatoires. Une économie de moyens et un garde fou pour l'astrologie. IIe partie
Jacques Halbronn Les arts divinatoires : une économie de moyens et un garde fou pour l’astrologie IIe partie
Nous lisons dans la revue Astralis n°44 décembre 1995 un long article, fort bien écrit, de Maurice Charvet intitulé « De la non influence des astres » et qui accorde la plus grande importance à la « loi d’analogie ». Nous ne comprenons pas cette « loi » de la même façon que le président du CEDRA car ici analogie ne s’oppose nullement à causalité.Dire que, sur certains plans, ce qui se passe dans le ciel correspond à ce qui se passe sur terre n’exclue nullement un rapport de cause à effet. Cela s’appelle une corrélation. Il est clair cependant que tout ce que l’astrologie a pu échafauder au cours des temps ne saurait relever de quelque causalité, et dans ce cas, l’on peut toujours être tenté de parler d’analogie.
La question qui se pose véritablement est la suivante: comment décanter l’astrologie, y séparer le bon grain de l’ivraie? Notre réponse est la suivante: se défier de l’influence de l’astronomie. Et si au nom de l’analogie, l’on entend valider tout le savoir astrologique y compris les planétes au delà de Saturne, l’on voit bien que c’est faire la part trop belle à une astrologie pléthorique, un cache misère de son embonpoint, de son excédent pondéral. C’est comme si l’on voulait supprimer les pèse- personne et les miroirs.
Maurice Charvet -si nous l’avons bien compris-parle d’une approche a posteriori, après coup,comme si on lisait le journal du lendemain. Au fond, analogiquement, l’astrologie pourrait tout expliquer du moment qu’on ne lui demande pas de s’expliquer sur elle-même. Charvet ne remet nullement en question les pratiques astrologiques mais conseille de ne pas trop chercher à les valider selon un processus naturel. Ce qu’il appelle le « concret », c’est la mise en oeuvre d’un savoir faire astrologique, susceptible de se plaquer sur le monde. Il ne va pas du monde vers l’astrologie mais de l’astrologie vers le monde. Et c’est bien là que le bât blesse car on fait alors sauter un garde fou. Il y a ceux qui sont à leur aise au milieu de tout l’attirail astrologique accumulé. L’astrologie nous apparait comme la véritable référence pour ces astrologues chers à Charvet, cette astrologie qui est une sorte d’OVNI inclassable qui échapperait à la fois à la sociologie et à l’astrophysique. Or, pour nous, l’astrologie doit être une anthropocosmologie selon la formulation de nos amis belges (Hoyoux (décédé), Vanaise, de l’INAC). Autrement dit, cette astrologie ne saurait s’éloigner des exigences de ce qui fait sens pour le politique parce que sa raison d’être est la gouvernance de la Cité et non l’étude du thème individuel. Avec sa « loi d’analogie », au nom de cette loi, Charvet en arrive à valider impunément toutes les dérives de l’astrologie. D’ailleurs, à l’époque où Charvet écrit son texte (1994), le regretté Patrice Guinard diffusait son Manifeste(,L’histoire du Manifeste pour l’astrologie, et sa signification) au lendemain de la soutenance de thèse et ce Manifeste fut alors bien reçu par la communauté astrologique. les astrologues avaient accueilli son « Manifeste » justement parce qu’il laissait entendre que l’astrologie suivait un chemin qui lui était propre et qu’elle n’avait pas de compte à rendre. (cf notre Réponse à quelques analyses du Manifeste de Patrice Guinard) Etrangement, à la même époque; nous avions publié « L’Astrologie selon Saturne » qui proposait une approche minimale quant aux moyens utilisés sans préjuger de quelque régle astrologique préétablie tant au niveau planétaire que zodiacal.
Pourquoi évoquons-nous ici les « arts divinatoires »? Précisément du fait qu’ils ne sont pas assujettis à l’astronomie et qu’ils s’articulent peu ou prou sur l’anthropologie. Quand la numérologie découpe le temps, elle opère simplement,bien plus que ne le fait l’astrologie avec sa profusion de facteurs. Certes, elle ne fait appel à aucune planéte – et on ne la suivra pas dans ce sens- mais elle nous rappelle que l’on ne saurait s’éloigner d’une certaine vraisemblance dans l’organisation de la Société et renoncer à une visibilité pour le public. De même, les études zodiacales(cf les séries dirigées par Barbault en 1957 au Seuil, jusqu’à nos jours) qui ne se servent que du Soleil en tant qu’astre, pour déterminer notre « signe » sont loin d’épuiser toute la richesse cosmique. Il serait peut être temps de se demander si au nom de cette chère analogie, l’astrologie est obligée d’intégrer dans ses outils la totalité de qui est répertoriée par l’astronomie moderne quant à notre systéme solaire. On aura compris que pour nous, toute approche qui n’est pas victime du labyrinthe astronomique sera moins inquiétante. Dans leur Que Sais je sur l’Astrologie (PUF, 2005) Zarka et Kunth épinglent le Manifeste de Guinard: »Qu’en résulte-t-il pour la nature de l’astrologie ? Cette question posée par P. Guinard dans son manifeste pour l’astrologie laisse peu de place à la scientificité et évacue tout autant la voyance et la divination. Elle ne saurait être une religion, puisque aucun dogme révélé ne la sous-tend, ni aucune croyance au service d’un temple, d’un clergé ou d’un rituel. Selon P. Guinard, elle ne relève pas de l’observation extérieure mais d’une participation structurelle à l’ordre cosmique et universel, opérant un pré-conditionnement astral qui structurerait la conscience. De son point de vue, l’astrologie tirerait sa légitimité d’un ordre implicite antérieur à tout discours émergent. » Rappelons que Guinard est passé par l’enseignement d’un Jean Pierre Nicola, lequel, étrangement, va dans le sens d’une analogie entre notre Humanité et une certaine idée de la structure du systéme solaire.(systéme RET), alors même qu’il se dit « physiciste » et non « symboliste ». Mais, au bout du compte, Nicola ne s’en inscrit pas moins, objectivement, dans une sorte d’analogisme que nous réfutons si par là on entend la nécessité de se servir de tout ce qu’offre l’astronomie, ce qui semble bien être le crédo de la plupart des astrologues au point que le refus de ce crédo renverrait ipso facto à une forme de divination. Et c’est en ce sens que la divination a le mérite, à nos yeux, par défaut, de ne pas se plier à cet impératif astronomique -et méta-astronomique au niveau des appellations des signes et des astres. Etant passé par la Faculté de Droit et Sciences Po (à Paris et en Israël), nous avons développé une conscience assez aigue de ce dont a besoin une société, une cité et l’on voit bien qu’un seul calendrier électoral suffit pour cela avec des périodes égales dont tout le monde a connaissance, ce que permet seulement une combinatoire à deux facteurs. Ni plus ni moins. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Nous préférons pour notre part l’astrologue qui se sert du Tarot car il sera moins tenté de demander à l’astrologie ce qu’il peut attendre du tarot car force est de constater que la pratique astrologique en vigueur reléve d’une approche divinatoire. En s’intéressant à la divination, paradoxalement, l’on a plus de chance d’aller vers une astrologie qui serait d’un autre ordre.
JHB 22 02 22
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