dimanche 21 septembre 2025

jacques halbronn Etudes nostradamiques. La condition posthume des Centuries

jacques halbronn Etudes nostradamiques. La condition posthume des Centuries Patrice Guinard avait tenté d'apporter quelque lumière à la question du second volet des éditions centurique. (cf Corpus Nostradamus 38)mais sa méthodologie laissait à désirer (cf notre dossier in Revue française d'Histoire du Livre, 2011) Guinard ne se référé à aucun moment à l'EPitre à Pie IV et à la prophétie de la naissance d'un Antéchrist à la Saint Marcelin de l'an 1567, dont certains quatrains (76-78) de la Centurie VIII, la première du second volet, sont à l'évidence extraits dont notamment le terme de "macelin", déformation de Marcelin. Guinard ne s'interroge pas davantage sur l'existence d'une première épitre à Henri II (figurant en tête des Présages Merveilleux pour 1557, que nous avons reproduite en 2002, aux Ed. Ramkat (Prophetica Judaica Aleph), à partir de la bibliothèque de Daniel Ruzo puisque l'épitre qui ouvre le second volet dérive de celle figurant en tête des dits Présages datée de 1556 et non de 1558. Nous avons indiqué que selon nous, le second volet comportait initialement une Epitre au Pape et non une pseudo épitre au Roi à la veille de sa mort en tournoi en 1559. Pourtant cette épitre au pape avec la mantion 1567 est attestée dans les éditions italiennes edes années 1560 de la dite Epitre, puis reprise au tout début du XXe siècle., cf Jacques Halbronn " Nostradamus et sa production astrologique non centurisée. Années 1550-1560" Il est vrai que pour Guinard, bien à tort, ce seraient de fausses éditions.( CORPUS NOSTRADAMUS 190 Bilan sur les publications annuelles de Nostradamus (1550-1567), se privant ainsi d'éléments déterminants. Il reste que l'existence de nombre d"éditions du second volet (1568 + Epitre de 1558) nous interpelle, en rappelant que Nostradamus décéde en 1566 à la veille donc de 1567. On est là face la fabrications d'éditions posthumes censées comporter un second volet inédit., ce qui ne signifie pas que de telles éditions soient réellement parues en 1568, il s'agit plutot d'un stratagéme d'antidatation comme d'ailleurs pour le premier volet , visant à faire annoncer des événements des années 1588-1593, d'où les menacés sur la ruine de Tours ( IV, 46) les 27 ans du quatrain de la Centurie VIII coincidant avec la date du couronnement d'Henri IV en 1594 -(1567+ 27) Tout se passe comme si une première pseudo édition posthume comportant l'Epitre au Pape visant l'an 1567 était parue à la fin des années 1580 - éditions disparue mais ayant les traces que l'on sait dans la Centurie VIII- avait été remplacée par la pseudo éditions à Hento I I de 1558, donc suivant de près le premier volet des édiions centuriques (1555-1557). Entre temps, on aurait renoncé à l'Epitre au pape- qui passe à la trappe ( mais sans se rendre compte qu'il aurait fallu également supprimer certains quatrains en dérivant! D'ailleurs, cette nouvelle Epitre au Roi comporte un calendrier prophétique axé sur la fin du XVIIIe siècle, (l'an 1792); ce qui laisse à penser que l'on aura basculé dans un tout autre contexte politique déjà abordé par d'autres auteurs contemporains de Nostradamus.(cf CORPUS NOSTRADAMUS 50 -- par Patrice Guinard "Antoine Couillard et la fin des temps annoncée par les astrologues") Rappelons que dans les années 1580 seul parait le premier (et alors unique) des Centuries (cf le RCN de R. Benazra. 1990). Il aura fallu attendre 1590 pour qu'une éditiond parue à Cahors comporte le second volet, à l'initiative apparement du camp hostile à la Ligue, si l'on en croit certains quatrains annonçant la victoire de Mendosus (Anagramme de Vendôme, maison d'Henri de Navarre) Mais pour Guinard, il n'était pas pensable que tout un volet des Centuries n'ait point été l'oeuvre de Nostradamus, même posthume. Il est vrai que pour Guinard, NOstradamus aurait très bien pu prédire les événements des dites années 1580-1590, ce qui hypothèque toute approche critique!(cf Halbronn, Espace Nostradamus, Analyse n°10 "Du caractère partisan des Centuries"). Il convient de ne pas se fier aux éditions centuriques telles qu'on veut nous les présenter et dans l'ordre chronologique que l'on veut nous faire accroire. Certains éléments nous conduisent actuellement à repenser la chronologie des éditions. Et si les premières éditions étaient en fait celles du second volet dotées de l'Epitre à Pie IV laquelle mentionne l'année 1567 avec les quatrains en dérivant? Et si les éditions "ligueuses" (Quatrain IV 46 "Garde toy Tours de ta prochaine ruine") étaient en fait postérieures et donc constituaient en vérité une série d'additions de circonstance alors que le "second volet" est bel et bien d'un seul tenant et d'emblée à 3 centuries pleines, sans aucune addition.11, éventuellement retouchées et interpolées . Le caractère posthume de l'année 1568 est assez patent pour désigner une première production post mortem. Est-ce à dire qu'il aurait existé une édition en 1568 de ce qu'on appelle le second volet? Vingt ans plus tard, une nouvelle série de centuries correspondant à ce qu'on appelle le premier volet serait apparue avec des mentions antidatées (1555-1557) avec une préface à César, pour les faire passer pour antérieures à l'édition de 1568(Lyon, Benoist Rigaud) Ces centuries additionnelles et nullement premières portent d'ailleurs les marques d'un processus progressif avec notamment une quatrième centurie incomplète avec une IVe Centurie à 54 quatrains (cf l'édition Macé Bonhomme; éditée par R. Beenazra) puis un passage à une IVe Centurie compléte et ainsi de suite. Quant à la numérotation des Centuries, elle aura été modifiée en conséquence, en temps utile et éventuellement actualisée. Pour nous résumer, au stade où nous en sommes, il y a probablement existé une édition posthume en 1568 qui s'est perdue et dont l'existence est déterminée par les références qui en ont été faites dans les années 1590. Cette édition ne comportait que trois centuries pleines, complétes, dont certains quatrains (pour la centurie VIII) étaient extraits de l'Epître à Pie IV qui ouvrait celle-ci mais aussi d'extraits de la Guide des Chemins de France pour la Centurie IX (cf l'étude de Ch. Liaroutzos dans RHR, voir le cas de IX, 86 où Chastres (Arpajon) est changé en Chartres). On a affaire ici à un phénoméne de plagiat courant dans le cas de contrefaçons (cf notre diptyque Prophética Judaica aleph et beith, Ed Ramkat 2002) On ne connait pour 1568 que des éditions à 10 centuries (d'où la formule "miliade" au début de l'Epitre à Henri II se substituant à la fois à la première épitre au Roi (signalée par D. Ruzo dans son Testament de Nostradamus, Rocher 1982 et à l'Epitre au pape. Selon nous, un premier jet centurique eut lieu non pas en 1555-1557 mais en 1568, au lendemain de la mort de Michel de Nostredame. Vingt ans plus tard, le camp ligueur exploité le filon Nostradamus en produisant des éditions à 4 centuries (1588, exemplaire décrit mais non disponible cf RCN de Benazra) puis en le prolongeant par diverses additions de dimensions diverses jusqu'à parvenir à 7 centuries, inspirées par le climat politique de l'époque (cf le cas de la centurie IV, 46, voir notre étude Colloque Verdun Saulnier, 1997 . A un certain stade, l'on aura voulu réunir les deux stades de 1568 et 1588/89 d'où la fiction d'une édition à 10 centuries datée de 1568 avec pour premières centuries les dernières parues. ANNEXE CORPUS NOSTRADAMUS 38 -- par Patrice Guinard Première étude des éditions Benoist Rigaud de 1568 (Bibliographie) Avec les éditions Benoist Rigaud de 1568, les premières éditions complètes des Prophéties, bien qu'incomplétées puisqu'elles ne contiennent que 942 quatrains (c'est-à-dire seulement 42 quatrains à la septième centurie), subsistent à ce jour les plus anciennes versions connues de la préface au roi Henry II et des centuries VIII, IX et X. En effet l'édition lyonnaise de 1558 et son hypothétique réplique parisienne sont aujourd'hui perdues (cf. CN 25, Les premières éditions des Prophéties 1555-1563), et les éditions dites de 1568, dont la première fut probablement imprimée environ deux ans après le décès de Nostradamus, sont les premiers vestiges du texte originel, et probablement les plus fiables. D'où l'importance de la question : de se demander, parmi les exemplaires des tirages de 1568 et des retirages ultérieurs, quel pourrait être le texte original du second livre des Prophéties. Cette étude, déjà assez longue et qui a nécessité une collecte épineuse d'un matériel difficilement accessible, se limitera au travail de l'imprimeur : mise en page, marques d'imprimerie, matière iconographique, etc. (pour l'iconographie, cf. le texte complémentaire : CN 39, Iconographie des éditions Benoist Rigaud (Lyon), dites de 1568). De premières hypothèses seront éventuellement confirmées ou invalidées par une étude ultérieure portant sur le texte et ses variantes. (...)Plus que pour tout autre texte du CORPUS NOSTRADAMUS, nous sommes confrontés, dans la consultation des bibliographies existantes, à une inextricable confusion, qui semble-t-il, a pris naissance au milieu du XIXe siècle par les publications de quelques célèbres interprètes des Prophéties : Bareste, Torné, Le Pelletier, etc. Bareste s'appuie sur une édition des Prophéties (déjà mentionnée par Francis Girault dans la Gazette de France en mars 1839 puis dans Le passé, le présent et l'avenir, ou Prédictions, Vérifications et explications de quelques prophéties remarquables de Nostradamus, Paris, Hivert / Gaume frères / Dentu, 1839, p.15), supposée avoir été publiée par Pierre Rigaud en 1566 (Bibliothèque Royale : Y 4621) : "La Bibliothèque royale possède une très-ancienne édition des Centuries de Nostradamus. On prétend qu'elle est de 1558 ; mais nous ne le pensons pas, car elle a été probablement faite l'année même de la mort de l'auteur, c'est-à-dire en 1566. Quoi qu'il en soit, ce petit livre très-bien conservé est un bijou bibliographique. Il porte le titre suivant : Prophéties de M. Michel Nostradamus, dont il y en a trois cens qui n'ont encores jamais esté imprimées. A Lyon chez PIERRE RIGAUD, ruë Mercière, au coing de ruë Ferrandière. Avec permission." (Bareste, 1840, p.255). Or Pierre Rigaud, fils de Benoist, ne commence à publier sous son nom que dans les toutes dernières années du XVIe siècle. Cette édition Pierre Rigaud aurait été imprimée vers 1600 selon Benazra (Répertoire, p.149) ou "aux alentours de 1611, avant 1614" selon Ruzo (Testament, p.354). L'erreur de Bareste ne tarde pas à se répandre : l'abbé Torné-Chavigny publie une prétendue Réédition du Livre de Prophéties de Nostradamus publié en 1566 chez Pierre Rigaud (Bordeaux, 1862), et Anatole Le Pelletier, l'un des meilleurs interprètes des quatrains, fait imprimer en 1867 son "édition-princeps" des Prophéties, accompagnée des variantes de l'édition Benoist Rigaud de 1568 et d'une édition troyenne datée de 1605 (Oracles 1, pp. 32-33 et 41-43). Or cette supposée édition "Benoist Rigaud de 1568" est en réalité une édition avignonnaise tardive publiée un siècle auparavant (vers 1772 selon Benazra, Répertoire, p.320, ou vers 1792 selon Ruzo, Testament, p.373), et dont le signalement est assez proche des authentiques éditions Benoist Rigaud de 1568 : "LES PROPHETIES DE M. MICHEL NOSTRADAMVS. Dont il y en a trois cens qui n'ont encores jamais eté imprimées. Ajoûtées de nouveau par le dit Auteur. A LYON, PAR BENOIST RIGAUD. 1568" (Cf. par exemple ces exemplaires in-16 non signalés par les bibliographes : HAB Wolfenbüttel: M: Hr 311 ; UB Mannheim: Sch 049/067 ; UL Regina (Canada): BF 1815 N8 1568 ; Manchester: R 42009). Avant 1895, il n'existe chez les spécialistes aucune descriptin détaillée d'une authentique édition Rigaud 1568. François Buget, qui a laissé inachevée son étude colossale (1860-1863), en a peut-être connu une. La raison probable est qu'il n'en existe aucun exemplaire dans les principales bibliothèques parisiennes, ni même au British Museum, centres de ravitaillement majeurs pour la bibliographie française du XVIe siècle. Ainsi Baudrier est le premier, en 1897, à signaler et donner une description substantielle d'éditions probablement authentiques, ayant appartenu à l'abbé Hector Rigaux et aujourd'hui dissipées." JHB 21 09 25

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