jeudi 24 février 2022

Jacques Halbronn Psychanalyse de l'émigré/immigré. Le cas Zemmour

jacques Halbronn Psychanalyse de l’émigré/immigré. Le cas Zemmour La candidature d’Eric Zemmour nous conduit à compléter nos précédents textes relatifs à la « Psychanalyse de l’étranger »(cf Faculte d’anthropologie de Paris, site hommes et faits.com). Nous insisterons sur un certain paradoxe qui veut que celui qui entend aller dans une nouvelle direction est amené à se constituer, à se composer un certain discours, une déclaration venant expliciter son intention de changement. Or, celui qui est déjà installé dans le lieu considéré ne ressentira pas le même besoin de justification, ce qui fait qu’il ne fera pas la démonstration de sa présence ou l’expression de la bonne foi de son projet. On est donc bien là face à un paradoxe: plus on est étranger à un lieu, à une culture et plus on en aura une perception fantasmatique, mythique,enthousiaste. Zemmour parle d’un désir d’appropriation, d’adoption de tout ce qui caractérise la destination choisie. De là Zemmour tire une sorte de code d’éthique, de bonne conduite de l’immigré, qui ne fait sens que pour l’ensemble de la population concernée et ne vaut pas pour la population « de souche ». Autrement dit, Zemmour a des comptes à régler avec la catégorie des immigrés et il voudrait en faire un enjeu national. Valérie Pécresse a d’ailleurs repris une telle thématique autour de l’Amour de la France, oubliant que ceux qui n’ont pas immigré, ni leur famille sur quelques générations -et notamment en provenance d’un autre continent, marqué par une autre religion (l’Islam en l’occurence) n’ont pas à montrer patte blanche ou à présenter quelque papier d’attestation. De même, celiui dont le français est la langue maternelle sera dispensé de fournir quelque diplome attestant qu’il a suivi un cursus dans ce sens. On aura compris que l’on risque de glisser vers une sorte de »remplacement » où les nouveaux venus feraient la leçons aux « indigenes » que sont les « non immigrés ». De même un étudiant en français langue étrangère pourrait-il reprocher à un francophone de naissance de ne pas être en mesure d’en exposer la grammaire ou les régles de prononciation. C’est ainsi que Zemmour risquerait fort d’aboutir à l’idée qu’il existerait trois catégories: les indigénes qui ne savent pas déclarer leur amour mais qui sont porteurs, subconsciemment, des valeurs séculaires, les « mauvais » immigrés qui se veulent Français mais qui pratiquent une forme , tresse les lauriers et qui, à ses yeux, seraient les plus méritants, ces ouvriers de la onziéme heure. Nous avons déjà situé le discours de Zemmour dans son rapport compliqué avec les Juifs français de souche -et il y a eu récemment des réactions de responsables de la communauté juive à son propos. Tout se passe comme si Zemmour voulait une « assimilation » absolue des Juifs de France, de façon à ce qu’ils ne puissent arguer d’une quelconque antériorité par rapports aux Juifs « étrangers » et notamment des « rapatriés’ francophones d’Afrique du Nord. Cela revient selon nous à une forme d’antisémitisme visant à refuser aux Juifs une certaine spécificité. Il importe donc que l’on fasse la distinction entre les différentes composantes de la « communauté juive de France » et que l’on ne s’imagine pas qu’il n’existe pas de tensions en son sein. Le fait que Zemmour soit Juif ne l’exonère donc pas d’une accusation d’antismétisme plus ou moins larvé. JHB 23. 02 22 .

Aucun commentaire: