jeudi 18 août 2022

Jacques Halbronn L'influence de l'astrologie sur le métalangage de l'astronomie

jacques halbronn L’influence de l’astrologie sur le métalangage de l’astronomie. Dans la présente étude, nous entendons préciser dans quelles conditions l’astronomie aura été amenée à se servir de la mythologie pour nommer les planétes, tant dans l’Antiquité qu’à l’époque moderne. I Le baptéme antique Selon nous, les astronomes babyloniens et autres n’auront pas emprunté directement à telle ou telle mythologie mais seront passés par un dispositif proprement astrologique dont ils n’auront pas compris vraiment la teneur, ce qui signifie l’existence déjà d’une certaine distance entre les deux domaines. En effet, s’imaginer que lorsque les astrologues utilisent des noms de dieux cela renverrait ipso facto à des planétes constitue d’emblée un contre-sens car ces dieux – Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne- ne sont pas associés à des planétes mais à des signes zodiacaux et dans notre terminologie à des « significateurs » et non à des « prometteurs », statut réservé aux luminaires. Nous faisons ici référence à un passage en grec de la Tétrabible de l’astronome (Almageste) Claude Ptolémée de Pelouse (ou d’Alexandrie) qui dispose les dieux en rapport avec les 12 signes (peu importe ici qu’il s’agisse ou non des constellations ou d’un découpage saisonnier).Or, ce tableau de synthèse fait cohabiter les luminaires et les signes. Comme on l’a dit, les luminaires sont des prometteurs de par leur mobilité alors que les signes sont des significateurs de par leur fixité. Précisons que les luminaires ne signifient rien puisqu’ils déterminent des significations selon les significateurs qu’ils traversent et les significateurs, de leur côté, ne se meuvent pas. On est donc bien ici en présence de deux statuts bien distincts et complémentaires. Or, l’on sait que dans la Tétrabible, les cinq dieux (hors luminaires) sont assimilés à des planétes, c’est à dire ne sont plus des significateurs mais des prometteurs et dès lors, ces divinités vont donner leurs noms à des planétes, du fait d’un tel contre-sens. Autrement dit, dès cette époque, régne un syncrétisme astrologico-astronomique, source de confusion. Si les noms des dieux figurant dans le dit dispositif se retrouvent associés à des planétes, cela signifie que les noms des planétes n’ont pas été déterminés par les astronomes qui se seront contenté de les utiliser à leur guise mais sans être responsables du choix des noms concernés..Pour l’historien des textes, la coincidence est évidemment sans appel. Nous avons expliqué, ailleurs, que ces noms étaient en rapport avec les 4 saisons: un axe équinoxial avec Mars et Vénus et un axe solsticial avec Mercure et Jupiter, ce qui correspond à une certaine symbolique sur laquelle nous ne reviendrons pas ici, liée à l’Astrologie EXOLS que nous avons restaurée et restituée dans le cadre de nos recherches d’ordre anthropologique. Notons qu’un autre dispositif, celui dit des Exaltations, comporte les mêmes dieux et les luminaires et est attesté bien avant la Tétrabible.( https://iletaitunefoisastrologie.wordpress.com/2006/11/13/les-dignites-a-travers-les-siecles/) si ce n’est que le dispositif des exaltations est articulé autour du point vernal alors que celui des domiciles est articulé autour de l’axe des solstices. L’idée selon laquelle, ces dispositifs auraient correspondu à un « thema mundi » est à rejeter. Elle témoigne de la dérive astronomique du dispositif. Notice Wikipedia « Le Thema Mundi est un thème astrologique mythique utilisé en astrologie hellénistique qui montre les positions supposées des sept planètes visibles (y compris le Soleil et la Lune) au début de l’univers. Il prétend illustrer la logique derrière les domiciles et les exaltations planétaires, et le sens des aspects astrologiques, entre autres. La nature purement symbolique de la carte est aisément perçue si l’on remarque les positions impossibles de Vénus et de Mercure. Au Moyen Âge tardif il y a eu une confusion entre l’horoscope du monde et le Thema Mundi » L’on peut soit penser qu’il s’agit d’un contre sens par rapport à un dispositif mixte (prometteurs/significateurs), soit à une pure opération d’instrumentalisation d’un tel dispositif à des fins de méta-langage astronomique, ce qui confirmerait l’existence d’un décalage flagrant entre les deux corporations, étant entendu que les astrologues se seront finalement alignés sur l’astronomie, ce qui n’est nullement ce qui était en place au départ comme d’aucuns tendraient à nous le faire croire. II Le baptéme moderne Passons à présent, briévement, à ce qui est bien connu à la suite de la découverte de nouvelles planétes, grâce au perfectionnement des instruments d’optique (à la suite de la lunette de Galilée). Cette fois, ce sont les astronomes qui auront fait leur choix en extrayant les dieux qui n »avaient pas encore servi,à commencer par le père de Saturne, un certain Ouranos puis les deux frères de Jupiter, Neptune et Pluton, soit les trois fils de Saturne-Kronos. Cela dit, l’on est en droit de se demander si l’astrologie n’aura pas également influé sur la mythologie. Pourquoi, en effet, comme par hasard, Saturne aurait-il dévoré les divinités absentes du dispositif des domiciles? Soit, ce sont les astrologues qui auraient choisi les dieux épargnés par Saturne, soit ce sont les mythologues qui auraient conféré aux dieux laissés pour compte par les astrologues, un destin fatal, du moins jusqu’à les dits dieux ne soient rejetés par Saturne, sous la pression de Jupiter, le fils ayant échappé à un tel sort.. Notice Wikipedia » Dans la mythologie grecque, Cronos ou Kronos (en grec ancien Κρόνος / Krónos), fils d’Ouranos (le Ciel nocturne étoilé) et Gaïa (la Terre), est un Titan, l’époux de sa sœur Rhéa et le père des Cronides Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus. « Notice Wikipedia »Amalthée est la chèvre ou la nymphe qui nourrit Zeus caché sur le mont Ida lorsqu’il était enfant. La déesse Rhéa pour soustraire Zeus, qui venait de naître, à la voracité de son époux Cronos le cacha sur le mont Ida en Crète. Pour le nourrir elle lui affecta Amalthée (une chèvre ou une naïade selon les versions). » C’est donc à l’époque moderne que ces dieux non choisis par les astrologues pour qualifier les signes-significateurs, serviront eux aussi à désigner des planétes et les astrologues finiront au cours du XIXe siècle par les intégrer dans le dit dispositif des domiciles et dans le thème natal. (cf Halbronn, J. (1978) « L’évolution de la pensée astrologique face aux découvertes des nouvelles planètes du système solaire (1781-1930) ». Comptes Rendus du Congrès National des Sociétés Savantes, Section des Sciences (pp. 145-156). JHB 18 08 22

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