Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
mardi 21 novembre 2023
Réflexions autour de l'Historique des éditions des Prophéties de Nostradamus (1555-1635) par Patrice Guinard
acques halbronn Réflexions autour de l'Historique des éditions des Prophéties de Nostradamus (1555- 1615) par Patrice Guinard
En 2008,la Revue Française d'histoire du Livre (n°129), sous la conduite de Gérard Morisse, publiait un dossier de 142 pages (plus les annexes) présenté par Patrice Guinard. On sait qu'en 2011, Morisse fit paraitre notre propre étude en contradiction avec l'Historique en question, ce qui correspondait à une forme de désaveu. Nous avons pensé utile d'examiner le travail de Guinard. constitué de 4 parties. On s'intéressera d'abord à un texte intitulé 'Florent de Crox, le plus doué des imitateurs de Nostradamus (pp 261 et seq) . Ce qui ressort de cette étude, c'est que les auteurs cités ne se référent pas aux Prophéties mais aux quatrains des almanachs annuels. Ceux-ci auront d'ailleurs donné l"idée d'en produire des centuries entières. Ainsi Florent de Crox n'aura pas pour autant "imité" les Centuries des Prophéties, lesquelles ne paraitront d'ailleurs qu'à la fin des années 1580; Si tant est que l'on retrouve certains quatrains "centuriques" chez Florent de Crox, ce sera dû au fait que les faussaires se seront emparés de ce genre néo-nostradamique et non parce que Crox aura récupéré des quatrains centuriques. En ce sens le fait d'avoir voulu adjoindre à son Historique cette étude sur Florent de Crox se révéle plutot contre-productif pour Guinard tout comme les autres annexes d'ailleurs. On pense d'ailleurs aux Lettres Inédites ('Dupébe, Droz 1983) qui ne prouvent strictement rien quant au corpus centurique
Venons -en donc au dit "Historique des éditions des Prophéties". Nous sommes visés directement bien que nos textes ne soient même pas signalés dans la bibliographie (pp: 135)
,"Cette étude invalide définitivement les hypothèses tendant à disqualifier les premières et authentiques éditions des Prophéties au profit d'éditions ultérieures (fin XVIe, voire début XVIIe siècle) Il aurait fallu en effet que les prétendus faussaires élaborent en concertation une série d'éditions antidatées toujours plus impeccables à mesure que l'on remonte dans le temps, en améliorant la préface et en la rendant plus proche du style supposé de Nostradamus, tout en éliminant progressivement un nombre toujours plus grand de quatrains! Quelques amateurs ici ou là le plus souvent débarquant dans le champ miné des études nostradamiques, mal informés et n'ayant pas effectué les recherches nécessaires, ont pu mollement préter l'oreille à ces tenatives"(p. 130)
Il y a là allusion à notre communication de 1997, aux Journées Verdun Saulnier "les Prophéties et la Ligue" où nous mettions en avant le quatrain IV 46 "Garde toi Tours de ta prochaine ruine." ce qui remettait en question l'édition Macé Bonhomme 1555 dont Pierre Brind'amour venait de publier une éditions critique. On ignore ce qu'il aurait pensé de notre exposé s'il était resté en vie mais nous pensons qu'il en aurait tenu compte par honnetéte intellectuelle. Dix ans, donc, après notre communication, Guinard (lui qui décédera à son tour en 2020) aura persévéré.
On sait que Benazra parlera de quatrains "manquants" dans son RCN de 1990. en ce qui concerne les éditions parues dans les années 1588-1589, à commencer par le fait que durant ces années, on ne voit point paraitre les Centuries VIII-X censées avoir été publiées en 1568, soit 20 ans plus tôt. Giuinard; quant à lui, s'en tient à cette formule "tout en éliminant progressivement un nombre toujours plus grand de quatrains" Il n'est pourtant pas difficile de comprendre que l'on assistait là à des additions successives liées à l'actualité en cours car on aurait bien du mal à imaginer qu'un premier état comporterait une centurie "incompléte" alors qu'il s'agit d'une addition à une première fausse édition à 300 quatrains disparue. La première attestation d'une édition à 4 centuries- si on laisse de coté l'édition Macé Bonhomme qui ne comporte même pas en son titre une quelconque référence à 4 centuries - date de 1588; La page de titre est reproduite dans le Testament de Nostradamus de Daniel Ruzo et reprise en tête du Répertoire de Benazra. Il n'y a pas eu d'élimination mais bien des additions qui se sont succédé dans la période ligueuse. Dans notre communication de 1997, nous avons montré que les quatrains "manquants" des éditions 1588 comprenaient précisément le quatrain IV 46 "garde toi Tours" ce qui était de circonstance, Tours étant devenu le centre des partisans du prétendant à la couronne, henri de Navarre, rejoint par Henri iII, à la suite du tumulte parisien favorable à la maison de Guise-Lorraine. Tout se passe donc comme si Patrice Guinard n'avait pas prété assez d'attention au contexte politique , à l'arrière plan des éditions des années 1588-89, n'aurait pas, comme il l'exprime lui-même" effectué les recherches nécessaires" s'en tenant aux seules considérations d'éditions comme si la production prophétique n'était pas sensible aux enjeux politiques! C'est ainsi que l'on peut ignorer que la publication du Janus Gallicus de 1594 ait été directement en prise avec l'avénement d'Henri IV au trône de France, ce qu'on aura voulu diaboliser, dans le camp de la Ligue, en le rattachant aux spéculations antéchristiques de Nostradamus dans son Epitre à Henri IV. La question qui se pose est celle des quatrains favorables à l'un ou l'autre des camps en présence avec éventuellement des interpolations en sens inverse. Guinard n'avait visiblement pas acquis notre expérience et notre expertise quant à l'Histoire du prophétisme au cours des siècles et l'on peut douter qu'il ait pris la peine de lire notre thèse d'Etat, Le texte prophétique en France, formation et fortune, Presses Universitaires du septentrion, publie en 1999, mais disponible en microfiches dans toutes les bibliothèques universitaires de France. Quant à Gérard Morisse, en revanche, il semble bien qu'il n'ait pas été imperméable à notre démonstration. Il semble que Guinard cherche à se protéger. Il omet (dans son étude sur Florent de Crox) de citer notamment nos Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus (Ed Ramkat, 2002) qui traite du phénoméne Crespin lequel comporte de nombreux éléments en commun avec les quatrains centuriques mais aussi de la question d'une première épitre à Henri II qui apparait comme la matrice de la seconde, tout comme les quatrains des almanachs pour ceux des Centuries.
JHB 21 11 23
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