samedi 20 novembre 2021

Jacques Halbronn La crise politique est épistémologique. Quelle "science politique"?

Jacques Halbronn La crise politique est épistémologique. Quelle « science politique »? Selon nous, la « science politique » n’aura pas su fournir les outils appropriés, nécessaires à l’élaboration d’institutions viables, d’où la formule « crise épistémologique ». Elle s’est contentée de décrire en renonçant à prescrire et l’on ne saurait guère affirmer que cette « science » aura fait progresse en France, le passage du septennat au quinquennat, l’élection présidentielle précédant les législatives, ne nous semblent pas aller dans la bonne direction, sans parler du recours au suffrage universel pour l’élection « directe » du président de la République, depuis 1965.(du fait de la réforme constitutionnelle de 1962). Il est vrai que cette « science politique » n’aura pas cru bon d’explorer et d’exploiter les possibilités cyclologiques objectives, préférant enteriner et encourager de facto, de façon démagogique et finalement anarchiste, l’idée selon laquelle l’on pouvait structurer le temps politique de façon arbitraire, dans le culte subjectif de la République souveraine. On observe ainsi que l’on confond allégrement les causes et les conséquences quand il s’agit d’expliciter un phénoméne social. Tout au plus s’aventurera-t-on à parler de la question de l’âge des leaders. A ce propos, où en est la science du leadership? Pour notre part, nous avons récemment proposé de distinguer les leaders moyens et les arché-leaders, ces derniers ayant autorité sur les premiers. Pour nous, le peuple choisit entre les leaders moyens, ordinaires, lesquels se réunissent pour élire un super-arché-leader, ce qui était l’esprit de la Constitution de la Ve République avant la réforme de 62 déjà mentionnée. D’aucuns soutiennent que le suffrage universel « direct » confère toute sa légitimité au président ainsi élu.Or, selon nous, l’archi leader est le « primus inter pares » et doit être désigné par un collége de quelques milliers de membres, comprenant les parlementaires et autres élus..C’est sur cette base que De Gaulle devint le premier président de la Ve République et l’on ne saurait affirmer que son élection au suffrage universel, en 1965 lui ait conféré une plus grande légitimité, quand on connait la suite des événements en 1968 et 1969 (même s’il y eut le sursaut des legislatives du fait de la dissolution du mois de juin 68 (à peine un peu plus d’un an avant les précédentes de 1967) qui n’eurent aucun effet institutionnel sur la présidence puisque ce n’était plus le Parlement qui participait à l’élection du Président. Crise épistémologique tenant au refus de recourir à un quelconque modéle cyclique qui n’aurait pas été déterminé par les représentants des citoyens , dispositif considéré comme le « moins pire ». Il est vrai que de nos jours, il ne fait pas bon de parler, sous quelque forme que ce soit, de ce qui pourrait ressembler à de l’astrologie. Comment imaginer que le calendrier de nos institutions puisse être tributaire d’un savoir « paria »? On serait la risée du monde! Quel dilemme! Il nous faudrait donc nous résigner à un bricolage dérisoire qui n’aurait pour lui que d’avoir été fixé par « nous »! Vanité des vanités! On entre donc dans ce XXe siècle, voué à une technologie de plus en plus pesante avec ce pauvre instrument constitutionnel, datant dans son principe, de la fin du XVIIIe siècle, aux Etats Unis et en France, au lendemain de la Révolution. Et face à ce défi, nous ne disposons que d’une vision enfantine du découpage du temps qui ne repose sur rien d’autre que notre bon vouloir collectif, ce qui varie en outre d’un pays à l’autre, dans une extréme cacophonie. On joue aux apprentis sorciers! Etrangement, personne ne s’en offusque comme si cette question était secondaire. Ceux qui entendent changer la constitution n’ont pas de nouveaux critères à proposer. On est là face à un tabou sociétal. Pourtant, le cycle de 7 ans, en vigueur depuis le début de la IIIe République, au lendemain de la Commue, se justifié mieux cycliquement que celui de 5 ans qui a été adopté au début de ce nouveau siècle. Par quel miracle le temps de notre constitution s’ajusterait-il à quelque cyclicité « scientifique »? L’on peut certes douter de telle ou telle forme de cyclologie mais est ce une raison pour ne pas investir des fonds dans ce domaine de recherche, sous prétexte de l’existence de pratiques jugées superstitieuses? La cyclologie serait elle la dernière roue de la charrette, le parent pauvre des sciences sociales? JHB 20 11 21

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