jeudi 16 novembre 2023

jacques halbronn Retour sur le Répertoire Chronologique Nostradamique (RCN 1990) de Robert Benazra

jacques halbronn Retour sur le Répertoire Chronologique Nostradamique (RCN 1990) de Robert Benazra Nous avons été l'éditeur du RCN, aux Ed de la Grande Conjonction (cf les remerciements de l'auteur en tête de l'ouvrage). On notera que Benazra n'aura pas été très indulgent envers Michel Chomarat à propos de la Bibliographie Nostradamus qui était parue quelques mois plus tôt (pp/ 632-634) et nous nous permettrons donc de porter un regard critique, plus de 30 ans après la parution à notre initiative du dit Répértoire, ce qui englobera la préface que nous avions demandé à Jean Céard, le directeur de notre thèse d'Etat. Ce dernier abordait notamment la question de la biographie de michel de Nostredame et l'on sait à quel point un tel exercice se révélera périlleux et casse-cou, notamment à l'occasion en 2003 du 500e anniversaire de la naissance de ce dernier, ce dont nous avons déjà traité. Les relations entre la vie de l'auteur et ses publications sont en effet très problématiques et l'on aurait bien tort de baser la biographie de Nostradamus sur le calendrier de ses parutions, en raison du nombre de contrefaçons antidatées qui le caractérisent, étant entendu, notamment, que les Centuries ne verront le jour qu'à la fin des années 1580, sur une période d'une quinzaine d'années allant jusqu'à la parution du Janus Gallicus de Chavigny, en 1594, à l'occasion de l'avénement d'Henri IV. De fait, les auteurs de bibliographies, comme Chomarat et Benazra bénéficieront de peu de circonstances atténuantes, du fait de leur connnaissance supposée aussi exhaustive que possible du "corpus Nostradamus". Le cas des deux épitres à Henri II est quand meme assez emblématique d'une certaine forme d'incurie. La première des deux date de 1556 et la seconde est"datée" de 1558 (cf nos Documents Inexploités sur le phénoméne Nostradamus. Ed Ramkat (dir R. Benazra) Olivier Millet s'y référe également dans ses "Feux ;Croisés sur Nostradamus" (in Colloque Divination et controverse religieuse en France au XVIe siècle), 1986), pp. 107-108) et par la suite B. Chevignard dans son éditions partielle du Recueil des présages prosaiques, Ed Seuil, 1999) mettra en évidence cette première épitres. Or, nous n'avons pas trouvé de commentaire pertinent sur la cohabitation de ces deux épitres dont il est désormais évident que la seconde est inspirée de la première mais n'aura vu le jour que vers 1590 dans des conditions que nous avons signalées du fait que celle-ci viendra se substituer à la vraie Epitre de Nostradamus au pape Pie VI de 1561. De même la préface à César en tête du premier volet des Centuries est-elle selon nous calquée sur une précédente qui n'a pas été à ce jour retrouvée mais dont on connait l'existence par la parodie qu'en fit dès 1556 Antoine Couillard Du Pavillon, à la différence de l'Epitre à Henri II de 1556. En ce qui concerne l'Epitre à Pie IV, Benazra se sera beaucoup aventuré(RCN p. 69) - tout comme à sa suite Patrice Guinard, en taxant les traductions italiennes de celle-ci comme se référant à le production d'un usurpateur ayant emprunté le nom meme de Nostradamus. En fait, la confrontation entre l'Epitre au Pape (dans la réédition du début du XXe siècle) et le texte italien montre qu'il s'agit bien d'une traduction fidéle, réalisée du vivant de Nostradamus. On relévera par ailleurs l'intérêt que Benazra porte aux vignettes (RCN p. 636) qui ornent les pages de titre des pronostications annuelles de Nostradamus mais aussi les éditions pirates ( RCN p. 58) Benazra ne se soucie pas du fait que les éditions centuriques des années 1555-1557 sont identiques à celle des dites éditions pirates mais en revanche diffèrent quelque peu de celles des vignettes de ses Pronostications. Selon nous, les faussaires qui interviennent 20 ans après la mort de Nostradamus, n'étaient pas au fait d'un tel piratage et ont donc récupéré les fausses vignettes. C'est l'arroseur arrosé! On s'arrêtera sur le traitement réservé par le RCN '(pp/ 102-103)à un ouvrage d'Antoine Crespin, les Prophéties dédiées à la puissance divine, Lyon, F Arnoulle que nous avons reproduit en partie dans nos "Documents" (2002). Le RCN ne signale aucunement la présence de nombre de versets se retrouvant dans les quatrains centuriques. La question qui se pose est la suivante: est ce qu'une telle concomitances nous renseigne sur l'influence des centuries sur le Prophéties de Crespin (comme l'a cru Pierre Brind'amour dans son édition de 1996) ou bien plutôt sur l'influence des dites Prophéties sur la composition ultérieure des centuries, lesquelles n'étaient même pas encore parues ni même composée en 1572. Par ailleurs, le RCN ne mentionne pas l'étude de Chantal Liaroutzos (RHR 1987) sur les sources de certains quatrains à rechercher dans la Guide des Chemins de France de Charles Estienne. Un tel emprunt présent soit Nostradamus comme un plagiaire, soit est à mettre sur le compte de faussaires. In finé, Robert Benazra rend hommage au travail de Robert Amadou,signalant notamment son intérêt pour l'Epitre à Pie IV. Au choix. Il est clair que Benazra ne sera pas parvenu à déterminer le contexte politico-religieux dans lequel furent rédigés les Centuries, à savoir la période de la Ligue et du conflit dynastique qui fera que le premier volet sera marqué par les partisans de la Ligue alors que le second le sera par ceux d'Henri de Navarre d'où des formules menaçant alternativement Tours ou les Lorrains en recourant parfois à des anagrammes comme Mendosus pour Vendôme. C'est dire à quel point l'exercice biographique, sur un terrain aussi miné, préconisé par son préfacier, Jean Céard (p.VIII), n'était pas d'actualité il y a 30 ans. En revanche, les temps semblent enfin murs pour que de telles entreprises puissent être enfin envisagées sous notre direction. JHB 16 11 23

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