Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
mercredi 17 août 2022
Jacques Halbronn histoire de l'astrologie: de la réception à la formation, Réponse à Jean- Patrice Boudet
jacques Halbronn Histoire de l’astrologie : de la réception à la formation . Réponse à Jean Patrice Boudet
La démarche de l’historien de l’astrologie, pour une période donnée, semble devoir se distinguer de celle de l’historien des Sciences, en ce qu’elle ne comporte pas de référence ni en amont ni en aval. Dans le domaine de l’histoire des religions, l’on peut parler d’hérésie, de syncrétisme mais qu’en est-il pour celle de l’astrologie?
Quand nous avons commencé notre carrière d’historien de l’astrologie, dans le cours des années 70, notamment sous la direction de Georges Vajda (cf Le monde juif et l’astrologie, Ed Arché, 1985), nous avions adopté l’idée d’une réception de l’Astrologie dans un milieu et dans une époque donnée. Il ne s’agissait pas de réfléchir sur ce qu’était en soi l’astrologie mais sur la façon dont elle était perçue.
Nous avons fini par remettre en cause une telle façon de procéder par le biais d’une synergie entre notre travail d’historien et notre travail de « recherche en astrologie » (RA (AR) – sigle repris entre les années 70 et 90- par diverses structures : ISAR (Astrological Research), GERAS(H), ARRC, « La Recherche Astrologique » ( revue fondée en 1984), CURA, CEDRA et plus récemment BURA (2022)) Encore faudrait-il préciser que cette « recherche » visait surtout à valider, à « vérifier » une certaine tradition astrologique et non pas à appréhender, à décrypter sa formation. Cette notion de formation, nous l’avions intégré dans un champ connexe à l’astrologie qui est celui du prophétisme, d’où le sous titre de notre thèse d’Etat (Paris X, 1999): le texte prophétique en France, formation et fortune ».
Récemment, nous avons pu faire la jonction synergétique entre l’étude des textes traditionnels et la recherche expérimentale (cf L’Astrologie selon Saturne, 1994), autour d’une approche critique d’un dispositif célébre de la Tétrabible de Ptolémée (IIe siècle), à savoir le dispositif quaternaire des Dignités planétaires (domicile, exaltation, chute, exil), ce qui permit de dépasser le « terminus » tétrablique en montrant que le dispositif de la Tétrabible avait une histoire et qu’il convenait de réfléchir sur sa « formation » (et pas seulement sa réception), comme nous l’avions fait, par ailleurs, pour différents corpus prophétiques et notamment le « corpus Nostradamus ». Force est de constater qu’à l’EPEHE Ve section, la chaire des courants ésotériques (François Secret, Antoine Faivre, J. P. Brach) en sera restée au stade de la réception qui n’exige nullement de déterminer une quelconque norme comportant diverses variations internes. Nous examinerons pour étayer notre diagnostic, certaines publications récentes de Jean-Patrice Boudet lequel, actuellement, semble être preçu comme le représentant le plus éminent en matière d’Histoire de l’astrologie en France: On s’intéressera ici à l’Introduction de J. P. Boudet (Université d’Orléans) à son ouvrage »Astrologie et politique entre Moyen Age et Renaissance » 2020. SISMEL. Edizione del Galuzzio (Micrologus Library), lequel avait participé à un Colloque que nous avions organisé en 1991, à Paris (Crypte de l’ Eglise Sainte Anne de la Butte aux Cailles, Actes sur la plateforme SCRIBD « L’astrologie en terre de France »)
Cette Introduction commence par le « constat » suivant « : ‘La scission radicale que nous connaissons aujourd’hui entre astrologie et astronomie est un phénoméne relativement récent dans l’Histoire de la culture européenne. Elle n’est en effet perceptible qu’à partir de la fin du xVIIIe siècle (lorsque est « brisé le socle épistémologique sur lequel reposait l’astrologie » Or, nous ne saurions souscrire à une telle représentation laquelle risque fort de se »briser » tôt ou tard à l’aune d’une approche sur une plus longue durée.
Certes, il s’est produit un syncrétisme entre astrologie et astronomie mais l’astrologie, en son essence, ne saurait reposer sur un tel « socle », sur un tel carcan. Nous avons montré que dans la Tétrabible, il y avait eu confusion entre astronomie et mythologie et que de nombreuses notations mythologiques figurant dans la littérature astrologique ne renvoyaient pas nécessairement à une astronomie planétaire, ce que vient confirmer l’étude de l’oeuvre d’un Manilius. René Alleau, dans sa collection » Bibliotheca Hermetica » aura heureusement publié conjointement Manilius et Ptolémée, il y a une cinquantaine d’années. Boudet semble s’en tenir à un certain statu quo médiéval qu’il pose comme un absolu épistémologique d’où sa conclusion sur la perte du socle qui aurait été fatale à l’astrologie, à l’époque moderne. Paradoxalement, d’ailleurs, c’est justement à partir de la fin du XVIIIe siècle, avec la découverte successive d’astres inconnus de l’Antiquité, qu’un nouveau syncrétisme se mettra en place avec le baptéme par les astronomes (et non par les astrologues, des dits astres en passant par la mythologie, (Uranus (1781) Neptune (1846), Pluton (1930), plus les astéroides Cérés, Pallas, Junon, Vesta, au début du XIXe siècle) poursuivant ainsi le travail entrepris par les astronomes de l’Antiquité, tel qu’il ressort dans la Tétrabible, ouvrage qui vient plaquer sur les astres connus à l’époque des catégories mythologiques utilisées en astrologie.(Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne) Il est vrai que les astrologues, notamment dans le monde anglo-saxon se hatèrent de les intégrer dans le corpus astrologique, en une solution de continuité, perpétuant ainsi le syncrétisme entre astrologie et astronomie, bien au delà du XVIIIe siècle.. C’est dire que la question des relations entre astronomie et astrologie s’avère autrement plus complexe que semble vouloir le faire penser Jean Patrice Boudet et c’est en ce sens que son oeuvre d’historien reléve non d’une critique textuelle menée à bien mais d’une simple affaire de réception assez superficielle .
JHB 17 08 22
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