vendredi 5 décembre 2025

Jacques halbronn Théologie. Le couple Yahwé Ashéra et Genése I-V

Jacques halbronn Théologie. Le couple Yahwé Ashéra et Genése I-V Depuis longtemps, nous nous étions interrogés sur les deux récits bibliques relatifs à la tonalité féminine qu’Adam avait dû assumer. Dans Genése I, Adam à l’image de son créateur est déclaré double, à la fois masculin et féminin alors que dans Genése II, changement de programme, il lui faut de la compagnie! Pourquoi la Genése nous raconte-t-elle tout cela? Dans quel but? Qu’est ce qui a pu motiver une telle reprogrammation? Adam a-t-il changé pour accueillir Eve et enfanter avec elles des fils (Abel, Caïn, Seth). Nous avons comparé Genése I et Genése V tant leurs récits se croisent et diffèrent. Dans Genése V , pas question d’Abel ni de Cain mais seulement de Seth: « Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth. » On notera que Dieu crée Adam mais qu’Adam engendre Seth; comme il est indiqué dans Genése I. On trouve la même terminologie en hébreu, zakhar et Neqéva, dans Genése I et V pour décrire Adam et le même hiatus entre le singulier le pluriel entre les versets 1 et 2 de Genése V. Dans Genése V, il n’est pas question d’Eve pour l’engendrement à la différence de Genése I. Il nous faut nous demander pourquoi l’on a conservé ces deux versions à la fois redondantes et divergentes en leur contenu. Genése V א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ. 1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. Lorsque Dieu créa (bara) l’être humain, il le fit à sa propre ressemblance. ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם. 2 Il les créa mâle et femelle, les bénit et les appela l’homme, le jour de leur création. ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת. 3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth. ד וַיִּהְיוּ יְמֵי-אָדָם, אַחֲרֵי הוֹלִידוֹ אֶת-שֵׁת, שְׁמֹנֶה מֵאֹת, שָׁנָה; וַיּוֹלֶד בָּנִים, וּבָנוֹת. 4 Après avoir engendré Seth, Adam vécut huit cents ans, engendrant des fils et des filles. Genése I, 27 ז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם. 27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. On est en présence de trois récits concernant l’idée de couple, Genése I, 27, et Genése II 18 et Genése V, 2. L’explication la plus raisonnable est celle de l’émergence d’un culte de déesse faisant alliance avec Yahwé. Maximilien Lormier nous en fait le portrait . « Quelle attitude théologique prendre quand des archéologues découvrent que Yahvé, celui qui deviendra Dieu, est en concubinage ? Ashera. C’est son nom. Généreuse et belle, Ashera est, dans la lignée des Astarté, Ishtar et Inanna, une déesse adulée par une grande majorité des hébreux du VIIe et VIe siècles av. notre ère, au côté de son époux. Elle possède une image dans le ciel puisqu’elle est assimilée à la planète Vénus comme ses consœurs mésopotamiennes. Elle n’était pas inconnue. Mais il s’agissait alors d’une simple déesse… en apparence. En effet, il y a peu, des inscriptions sur des stèles ont révélé aux archéologues que les hébreux vénéraient « Yahvé et son Ashera ». Dieu a donc une femme! Voilà bien une hérésie pour ceux qui avaient mal interprété la présence de cette déesse mentionnée dans l’Ancien Testament notamment par Jérémie. Le prophète, en exil avec les juifs déportés à Babylone, reproche à ses compatriotes leur vénération pour cette déesse impure, représentée sur des statuettes comme une femme aux seins nus. L’entreprise de Jérémie reste sans succès : les juifs affirment que autant à Jérusalem qu’à Babylone, Ashera est généreuse et leur offre du pain en grande quantité. Et pour étayer leur propos, ils ne manquent pas de lui rappeler que d’autres avant lui leur avaient fait abandonner le culte d’Ashera et que le résultat fut « le glaive et la famine » (Jérémie 44, 17-19). « Dieu finira par perdre son épouse… inexplicablement dans le récit biblique. Elle disparaitra jusqu’à nos jours où l’épigraphie nous révèle qu’Ashera, plus qu’une simple déesse, est l’épouse de Yahvé. Dans les faits, Ashera s’éclipse de la vie de Yahvé au moment de la grande réforme religieuse entreprise par le roi Josias (VIe siècle) et terminée par le scribe Esdras (1) (Ve siècle). Pendant cette période charnière de l’histoire religieuse, les juifs passent de la monolâtrie – considérant Yahvé comme leur dieu parmi tous les autres – au monothéisme – la reconnaissance d’un seul et unique Dieu sur terre. Le divorce fut sévère mais Ashera nous réapparait après 2500 ans sous les coups de pinceaux des archéologues sur l’ancienne terre de Canaan. » Pour notre part, nous penchons plus pour la Lune que pour Vénus. D’abord, la Lune a un statut à part, elle ne gravite pas autour du Soleil mais est évoquée en tant que l’un des luminaires (Genés I) Nous avons montré que dans le tableau des domiciles planétaires (cf Livre I de la Tétrabible de Claude Ptolémée, elle est jointe au Soleil. Que le couple Yahwé Ashera soit le pendant du couple Adam et Eve ne saurait surprendre outre mesure. Dans Jérémie Ch 44 on lit: טו וַיַּעֲנוּ אֶת-יִרְמְיָהוּ, כָּל-הָאֲנָשִׁים הַיֹּדְעִים כִּי-מְקַטְּרוֹת נְשֵׁיהֶם לֵאלֹהִים אֲחֵרִים, וְכָל-הַנָּשִׁים הָעֹמְדוֹת, קָהָל גָּדוֹל; וְכָל-הָעָם הַיֹּשְׁבִים בְּאֶרֶץ-מִצְרַיִם, בְּפַתְרוֹס לֵאמֹר. 15 Mais voici ce que répondirent à Jérémie tous ces hommes qui savaient que leurs épouses encensaient des dieux étrangers, toutes les femmes qui étaient présentes en grande foule, ainsi que la population entière établie dans le pays d’Egypte, à Patros: טז הַדָּבָר אֲשֶׁר-דִּבַּרְתָּ אֵלֵינוּ, בְּשֵׁם יְהוָה–אֵינֶנּוּ שֹׁמְעִים, אֵלֶיךָ. 16 « La communication que tu nous fais au nom de l’Eternel, nous ne l’accueillons pas de ta part. יז כִּי עָשֹׂה נַעֲשֶׂה אֶת-כָּל-הַדָּבָר אֲשֶׁר-יָצָא מִפִּינוּ, לְקַטֵּר לִמְלֶכֶת הַשָּׁמַיִם וְהַסֵּיךְ-לָהּ נְסָכִים, כַּאֲשֶׁר עָשִׂינוּ אֲנַחְנוּ וַאֲבֹתֵינוּ מְלָכֵינוּ וְשָׂרֵינוּ, בְּעָרֵי יְהוּדָה וּבְחֻצוֹת יְרוּשָׁלִָם; וַנִּשְׂבַּע-לֶחֶם וַנִּהְיֶה טוֹבִים, וְרָעָה לֹא רָאִינוּ. 17 Mais, au contraire, nous sommes résolus à faire tout ce que nos lèvres ont proféré: brûler de l’encens à la Reine des cieux, répandre des libations en son honneur, comme nous l’avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos princes, dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem; car alors nous mangions du pain à satiété, nous vivions heureux et ne connaissions pas les revers. יח וּמִן-אָז חָדַלְנוּ לְקַטֵּר לִמְלֶכֶת הַשָּׁמַיִם, וְהַסֵּךְ-לָהּ נְסָכִים–חָסַרְנוּ כֹל; וּבַחֶרֶב וּבָרָעָב, תָּמְנוּ. 18 Mais du jour où nous avons cessé de brûler de l’encens à la Reine des cieux et de lui offrir des libations, nous avons manqué de tout, et nous avons été décimés par le glaive et par la famine. On peut penser qu’un tel culte à Ashérah, la Reine des Cieux (Malkat HaShamayim) est assimilable au fruit défendu dans le Jardin d’Eden et ce sont les femmes qui s’y consacrent le plus, comme le note Jérémie, d’où le rôle dévolu à Eve face au serpent. sur le web Patricia Briel : Le féminin oublié de Dieu « A Fribourg, une exposition passionnante réhabilite l’identité féminine de Dieu. Où l’on découvre que la représentation exclusivement masculine du divin n’est pas justifiée par la Bible. Il y a longtemps, très longtemps, Yahvé, le dieu de l’Ancien Testament, avait une compagne, la déesse Ashera. Grâce à l’archéologie, mais aussi à des indices donnés par la Bible, on sait aujourd’hui qu’elle était vénérée aux côtés de son partenaire dans le Temple de Salomon, qui fut en activité entre 930 et 587 av. J.-C. » C’est dire que la notion de couple homme- femme est étrangère au judaïsme au niveau théologique et selon nous Adam est androgyne (masculin et féminin), ce qui explique l’importance que le christianisme accorde au célibat dans la hiérarchie catholique. Vouloir qu’Adam a besoin d’une femme refléte le rapprochement du culte yahwiste avec celui d’Ashéra. JHB 05 12 25

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