Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
vendredi 6 mai 2022
Notice Nostradamus (sur livresnumeriquesgratuits.com)
Nostradamus
Portrait de Nostradamus
par son fils, César de Nostredame.
Nostradamus, né Michel de Nostredame
(14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence -
2 juillet 1566) était un médecin[1] '
[2] et apothicaire
français. Pratiquant l'astrologie comme tous ses
confrères à l'époque de la Renaissance, il est surtout
connu pour ses prédictions sur la marche du monde.
Biographie
Il est né de Jaume (ou Jacques) de Nostredame et
Reynière (ou Renée) de Saint-Rémy. Jaume était l'aîné
des six (certains disent dix-huit) enfants du couple
Pierre de Nostredame et Blanche de Sainte-Marie. Le
nom des Nostredame vient de son grand-père juif, Guy
de Gassonet (fils d'Arnauton de Velorges), qui choisit le
nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au
catholicisme, probablement vers 1455[3] . Selon les
archives d'Avignon, et selon les archives de Carpentras qui parlent souvent de juifs des
autres régions, il est suggéré que l'origine du nom Nostredame fut imposé par le cardinal
de Foix[4] de l'archevêque d'Arles, Pierre de Foix. Le grand père de Nostradamus, Pierre de
Nostredame était si convaincu de sa foi qu'il a répudié sa femme d'alors (Benastruge
Gassonet) qui ne voulait pas quitter le judaïsme. Le curieux « démariage » fut prononcé à
Orange le 14 juin 1463 (ce qui lui a permis finalement d'épouser Blanche).
Nostradamus 2
Son enfance
C'est son bisaïeul maternel, Jean de Saint-Rémy, ancien médecin et trésorier de
Saint-Rémy, qui lui aurait transmis en 1506 les rudiments des mathématiques et des lettres.
Mais ceci est douteux, vu que la trace notariée (Archives dep. des Bouches du Rhône B.
2.607) de ce vieux personnage disparait en 1504.
Ses années d'études
Portrait de Nostradamus
par le Dr. Niel.
Il part très jeune à Avignon pour y obtenir son diplôme
de bachelier ès arts. On le disait doué d'une mémoire
presque divine, d'un caractère enjoué, plaisant,
peut-être un peu moqueur « laetus, facetus estque
mordax »[5] . Ses camarades l'auraient appelé « le jeune
astrologue », parce « qu'il leur signalait et leur
expliquait les phénomènes célestes », mystérieux alors
pour beaucoup : les étoiles filantes, les météores, les
astres, les brouillards, etc. Il dut apprendre aussi la
grammaire, la rhétorique et la philosophie. Mais il doit
quitter l'université après un an seulement, et donc sans
diplôme, à cause de l'arrivée de la peste (fin 1520).
Neuf ans plus tard (1529), ayant cependant pratiqué
comme apothicaire (profession non-diplômée), il
s'inscrit à la Faculté de Montpellier pour essayer d'y
gagner son doctorat en médecine. Il se fait connaître
grâce aux remèdes qu'il a mis au point en tant
qu'apothicaire, dont les fameuses « boules de senteur ». Mais il est bientôt expulsé pour
avoir exercé ce métier « manuel » interdit par les statuts de la faculté [voir site Benazra
Espace Nostradamus]. Son inscription de 1529 et sa radiation sont les seules traces de son
passage à Montpellier, et on ne connaît pas de document attestant qu'il ait été docteur
d'une autre université. Mais, sans être affirmatifs, la plupart des érudits du vingtième siècle
pensent qu'il n'est pas impossible que l'expulsion de Nostradamus ait été temporaire et
qu'il soit devenu quand même diplômé de l'université de Montpellier (comme le
prétendaient aussi, en ajoutant des détails supplémentaires peu croyables, certains
commentateurs très tardifs comme Guynaud et Astruc), bien qu'il lui ait manqué le premier
diplôme nécessaire pour accéder au doctorat, car les noms de plusieurs des diplômés
connus de cette université sont absents, eux aussi, de ses registres[6] — à moins que ceuxci n'en aient pas été de vrais diplômés non plus (le phénomène du 'faux docteur' étant très
connu à l'époque).
Mariages et professions
Vers 1533, il s'établit à Agen[7] , où il pratique la médecine de soins à domicile. Il s'y lie
d'amitié avec Jules César Scaliger. Cet Italien, installé à Toulouse, érudit de la Renaissance,
est « un personnage incomparable, sinon à un Plutarque » selon Nostradamus ; il écrit sur
tout. Impertinent, il s'attaque à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des
pommades et des onguents. Mais le jeune « imposteur » inquiète les autorités religieuses
par ses idées un peu trop progressistes pour l'époque.
Nostradamus 3
La durée précise de son séjour à Agen est inconnue ; peut-être trois ans, peut-être cinq ans.
Les points de repères manquent et l'on ne peut offrir que des dates élastiques. Vers 1534[8]
Nostradamus s'y choisit une femme dont on ne sait même pas le nom[9] , qui lui aurait
donné deux enfants : garçon et fille. Tous trois moururent, très rapidement semble-t-il, à
l'occasion de quelque épidémie, la peste vraisemblablement.
D'après certains commentateurs catholiques des Prophéties - Barrere, l'abbé
Torne-Chavigny notamment - « Nostradamus aurait dit en 1534 à un « frère » qui coulait
une statue de Notre-Dame dans un moule d'étain qu'en faisant de pareilles images il ne
faisait que de diableries ». D'aucuns pensent que ses relations avec un certain Philibert
Sarrazin, mécréant de l'époque et qui sentait le fagot dans la région d'Agen, avaient rendu
Nostradamus plutôt suspect à la Sainte Inquisition[10] . Celle-ci l'aurait même invité à se
présenter devant son tribunal de Toulouse pour « y être jugé du crime d'hérésie; mais il se
garda bien de répondre à cette citation »[11]
.
Après la mort de sa première femme, Nostradamus se serait remis à voyager. On l'aurait
trouvé à Bordeaux, vers l'an 1539 . Les commentateurs tardifs Moura et Louvet se le
représentent en la compagnie de savants renommés de l'époque et du cru : l'apothicaire
Léonard Baudon, Johannes Tarraga, Carolus Seninus et Jean Treilles, avocat.
Nostradamus accomplit de 1540 à 1545 un tour de France qui l'amène à rencontrer de
nombreuses personnalités, savants et médecins. La légende signale le passage du futur
prophète à Bar-le-Duc. Nostradamus y aurait soigné, d'après Étienne Jaubert[12] , plusieurs
personnes et notamment une célèbre (?) Mademoiselle Terry qui l'aurait souvent entendu «
exhorter les catholiques à tenir ferme contre les Luthériens et à ne permettre qu'ils
entrassent dans la ville»[13]
.
Une tradition très douteuse affirme qu'il a séjourné un temps à l'abbaye d'Orval, qui
dépendait de l'Ordre de Cîteaux, située alors au diocèse de Trêves, à deux lieues de
l'actuelle sous-préfecture de Montmédy, un séjour que Pagliani, après plusieurs autres,
date de 1543 [14] . On ne sait s'il faut y ajouter foi, même si, avec Torne-Chavigny, beaucoup
de gens lui attribuent les fameuses prophéties d'Orval, Prévisions d'un solitaire, que
d'autres assurent être d'un autre médecin astrologue Olivarius. (On les aurait trouvées à
l'abbaye d'Orval en 1792. La première serait datée de 1542, antérieure donc de treize ans,
comme on le verra plus loin, à la préface des premières Centuries.)
Ici se termine le cycle de pérégrinations du médecin Nostradamus qui l'a mené en somme,
après sa thèse, du Sud-Ouest au Nord-Est de la France. Nostradamus atteint la quarantaine
(1543) et commence une seconde phase de déplacements qui va le rapprocher de la
Provence et le pousser vers l'Italie, terre bénie de tous ceux qui connurent à son époque
l'ivresse de la Renaissance.
Les premières étapes de ce périple sont probablement Vienne, puis «Valence des
Allobroges», dont parle Nostradamus dans son Traité des fardemens et confitures à propos
des célébrités qu'il s'honora d'y avoir rencontrées: «A Vienne, je vis d'aucuns personnages
dignes d'une supprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne de
louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy. Devers nous,
ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité, pour son sçavoir prompt et
mémoire ténacissime... Je ne sçays si le soleil, à trente lieues à la ronde, voit ung homme
plus plein de sçavoir que luy[15] ».
En 1544, Nostradamus aurait eu l'occasion d'étudier la peste à Marseille[16] sous la
direction, a-t-il dit, d'un « autre Hippocrate, le médecin Louis Serres »[17] . Puis, il est
Nostradamus 4
«appelé par ceux d'Aix en corps de communauté pour venir dans leur ville traiter les
malades de la contagion dont elle est affligée. C'était en l'année mil cinq cent quarante
six»[18] ».
On le voit certainement à Lyon en 1547 où il s'oppose au médecin lyonnais Philibert
Sarrazin[19] , à Vienne, Valence, Marseille, Aix-en-Provence et, enfin, à Arles, où il finit par
s'établir. Là, il met au point un médicament à base de plantes, capable, selon lui, de
prévenir la peste. En 1546, il l'expérimente à Aix lors d'une terrible épidémie : son remède
semble efficace comme prophylactique, mais il écrira lui-même plus tard que « les seignées,
les medicaments cordiaux, catartiques, ne autres n'avoyent non plus d'efficace que rien. »
(Traité des fardemens et confitures, Lyon, 1555, p. 52) Malgré ce succès douteux,
Nostredame est appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées. À la même époque, il
commence à publier des almanachs qui mêlent des prévisions météorologiques, des conseils
médicaux et des recettes de beauté par les plantes. Il étudie également les astres.
La Maison de Nostradamus à
Salon-de-Provence.
Le 11 novembre 1547, il épouse en secondes noces
Anne Ponsard, une jeune veuve de Salon-de-Provence,
alors appelé Salon-de-Craux. Le couple occupe la
maison qui abrite aujourd'hui le Musée Nostradamus. Il
aura six enfants, dont trois filles et trois garçons ;
l'aîné, César, deviendra consul de Salon, historien,
biographe de son père, peintre et poète.
Nostredame prend le temps de voyager en Italie, de
1547 à 1549. C'est d'ailleurs en 1549 qu'il rencontre à
Milan un spécialiste en alchimie végétale, qui lui fait
découvrir les vertus des confitures qui guérissent. Il
expérimente des traitements à base de ces confitures
végétales et, de retour en France, il publie en 1552 son
Traité des confitures et fardements.
En 1550, il rédige son premier « almanach » populaire –
une collection de prédictions dites astrologiques pour
l’année, incorporant un calendrier et d’autres
informations en style énigmatique et polyglotte qui
devait se montrer assez difficile pour les éditeurs, à en
juger par les nombreuses coquilles (où certains voient le signe que l'auteur était
dyslexique). Dès cette date, Michel de Nostredame signe ses quatrains du nom de
Nostradamus. Ce nom n'est pas l'exacte transcription latine de Nostredame, qui serait
plutôt Domina nostra ou Nostra domina. En latin correct, Nostradamus pourrait signifier : «
Nous donnons (damus) les choses qui sont nôtres » ou « Nous donnons (damus) les
panacées » (nostrum, au pluriel), mais il est également permis d'y voir un travestissement
macaronique (et très heureux) de Nostredame.
En 1555, installé à Salon-de-Provence, il publie des prédictions perpétuelles (et donc en
théorie, selon l'usage de l'époque, cycliques) dans un ouvrage de plus grande envergure et
presque sans dates ciblées, publié par l’imprimeur lyonnais Macé (Matthieu) Bonhomme.
Ce sont les Prophéties, l'ouvrage qui fait l'essentiel de sa gloire auprès de la postérité.
Sa renommée est telle qu'il devient l'un des astrologues attitrés de Catherine de Médicis,
qui l'appelle à la cour et le fera nommer médecin et conseiller du roi Charles IX en 1564.
Nostradamus 5
Puis, il repart à Salon, où Charles IX, puis Henri de Navarre (le futur Henri IV) vont lui
rendre visite.
C'est pourtant sur ordre du jeune roi Charles IX que, quelques années avant, dans le
château de Marignane, le comte de Tende, seigneur de Marignane et gouverneur de
Provence, avait tenu Nostradamus en prison. De passage à Salon le 16 décembre 1561, le
comte fit arrêter Nostradamus et l'amena avec lui dans son château de Marignane. Les
deux hommes étaient amis et la prison tenait plutôt de la mise en résidence. Le 18
décembre suivant, Claude de Tende écrit au roi : « Au regard de Nostradamus, je l'ay faict
saisir et est avecques moi, luy ayant deffendu de faire plus almanacz et pronostications, ce
qu'il m'a promis. Il vous plaira me mander ce qu'il vous plaist que j'en fasse. » Nostradamus
avait en effet publié ses prédictions pour 1562 sans l'autorisation de l'évêque, contrevenant
ainsi à l'ordonnance d'Orléans du 31 janvier 1561[20]
.
Maladies et mort
Certains, prenant à la lettre ce que Nostradamus, dans la préface de la première édition de
ses Prophéties, dit de sa « comitiale agitation hiraclienne », pensent qu'il souffrait
d'épilepsie. Selon d'autres, c'est seulement par image que Nostradamus désignait ainsi un
état de transe qui accompagnait ce qu'il croyait être sa révélation prophétique. En
revanche, il est vraisemblable (voir Leroy) qu'il fut atteint de la goutte et d'insuffisance
cardiaque. Il mourut le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence d'un œdème dit
cardio-pulmonaire. Son corps repose en l'église Saint-Laurent (voir Leroy, Benazra,
Brind'Amour, Lemesurier etc. et illustration en version anglaise), à Salon-de-Provence.
Les Prophéties
Les Prophéties. Édition de 1568.
Comme on l'a dit, la première édition des Prophéties est
de 1555. Plusieurs éditions sont considérées comme
piratées ou antidatées, mais on admet en général que
l'édition (augmentée) qui porte la date de septembre
1557 fut réellement publiée du vivant de Nostradamus.
L'existence d'une édition de 1558 est moins sûre, aucun
exemplaire n'ayant survécu. Le livre est partagé en
Centuries, une centurie étant, théoriquement, un
ensemble de cent quatrains. La septième centurie resta
toujours incomplète. La première édition, pleine de
références savantes, contient 353 quatrains
prophétiques, la dernière, publiée deux ans après la
mort de Nostradamus, 942 – soit 58 quatrains de moins
que les 1000 qu'il avait annoncés (« parachevant la
milliade »).
Les Propheties ont donné lieu à la publication de près
de dix mille ouvrages. Parmi les exégètes les plus
célèbres, on peut mentionner Anatole Le Pelletier,
Vlaicu Ionesco, Jean-Charles de Fontbrune et son père,
Nostradamus 6
Serge Hutin et Erika Cheetham, qui croient à la prescience de Nostradamus, et Eugene F.
Parker, Edgar Leoni, Louis Schlosser et surtout Pierre Brind'Amour, qui n'y croient pas.
D'autres comme Robert Benazra, Michel Chomarat et Daniel Ruzo, se sont appliqués à
recenser les éditions de ses œuvres et les ouvrages qui le concernent.
Une première cause de divergence entre interprètes est qu'en raison des méthodes de
composition des imprimeurs du XVIe
siècle, les éditions et même les exemplaires
particuliers de ces éditions diffèrent tous ou presque, et ne garantissent aucune conformité
parfaite avec le texte manuscrit original (perdu depuis lors). Pour ajouter à la difficulté, des
quatrains (comme par exemple 10,72, qui indique une date précise) font l'objet de
désaccords entre les exégètes, notamment quant au sens des mots.
La seconde cause de divergences entre les interprètes tient à Nostradamus lui-même. Son
style obscur et son vocabulaire, mélange de français moyen, de latin, de grec (très peu; voir
par exemple le quatrain IV, 32) et de provençal, donnent aux exégètes une grande liberté
d'interprétation. Nostradamus, peut-être pour ajouter du mystère à ses quatrains, a
employé toutes sortes de figures littéraires. Mais la raison principale de ce style nébuleux
serait, si on l'en croit, le désir d'assurer la pérennité de l'œuvre [21] . Nostradamus assure
cependant qu'un jour le monde verra que la plupart des quatrains se sont accomplis, ce qui
laisse entendre qu'ils seront compris clairement par l'humanité[22]
.
En attendant, tout évènement cadrant, a posteriori, avec l'une des multiples interprétations
possibles d'un quatrain est présenté comme l'interprétation juste - plusieurs interprétations
d'une même prophétie cohabitant parfois chez le même exégète[23] . Un bon nombre des
interprètes (surtout les sensationnalistes et les amateurs) qui croient à la prescience de
Nostradamus semblent persuadés qu'il a surtout parlé de leur époque.
Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques
Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques de Nostradamus (avec, peut-être le «
quatrain de Varennes » IX, 20) est le trente-cinquième de la première centurie (Centurie I,
quatrain 35)
Le lyon ieune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux luy creuera,
Deux classes vne, puis mourir, mort cruelle.
Selon les adeptes d'une lecture prophétique, ce quatrain ferait référence à la mort d'Henri
II.
En juin 1559, le roi Henri II affronta le comte de Montgomery, lors d'un tournoi de
chevalerie. Ils auraient porté (selon ces adeptes) tous deux un lion comme insigne. Henri II
reçut la lance de son adversaire dans son casque (selon certains, en or) et aurait eu l'œil
transpercé. Il mourut dix jours plus tard.
Voici ce qu'en dit l'historien québécois Pierre Brind'Amour (qui, pour sa part, pense que
Nostradamus interprète un prodige céleste tel que celui qu'on aperçut en Suisse en 1547,
montrant un combat entre deux lions) : « Ce quatrain, le plus célèbre des Centuries, fait les
délices des amateurs d'occultisme, qui veulent y voir l'annonce du tournoi qui opposa Henri
II et le sieur Gabriel de Lorge, comte de Montgomery, le 1er juillet[24] 1559. On sait
qu'Henri II, blessé à l'œil par son adversaire, mourut de sa blessure le 10 juillet suivant.
Les sceptiques, dont je suis, s'émerveillent de la coïncidence ; les adeptes y voient la preuve
Nostradamus 7
de ce qu'ils ont toujours su, à savoir que Nostradamus avait un don de clairvoyance.
Pourtant personne à l'époque ne fit le rapprochement. » (Nostradamus astrophile, p. 267;
Les premières Centuries ou Propheties, pp. 99-101).
Le professeur de linguistique Bernard Chevignard[25] note lui aussi, que « ni Blaise de
Monluc, ni François de Vieilleville, ni Claude de l'Aubespine, ni Brantôme ne mentionnent
une quelconque prophétie de l'oracle de Salon à ce propos, mais font état de leurs propres
rêves prémonitoires ou d'une prédiction de l'astrologue napolitain Luca Gaurico ».
(Brantôme a bien fait allusion à l'incident, mais ne parle que d'un 'devin' qui n'était pas
nécessairement Nostradamus).
B. Chevignard[26] relève de plus que, dans ses Présages en prose, à la fin de ce qui
concerne le mois de juin 1559 (Henri II fut blessé en juin et mourut en juillet),
Nostradamus, après avoir écrit « Quelque grand Prince, Seigneur & dominateur souverain
mourir, autres defaillir, & autres grandement pericliter », ce qui fait s'écrier à son dévoué
exégète Chavigny : « Icy infailliblement est presagée la mort du Roy Henry II », avait ajouté
immédiatement après : « La France grandement augmenter, triompher, magnifier, &
beaucoup plus le sien Monarque », d'où ce second commentaire de Chavigny : « Ceci est dit
pour deguiser le fait. »
Chavigny, d'ailleurs, n'a pas interprété le quatrain I,35 comme annonçant la mort d'Henri
II, non plus que Nostradamus lui-même, qui privilégiait le quatrain III,55 (après l'avoir
retro-édité, d'ailleurs!). Cette interprétation n'est pas attestée avant 1614[27]
.
Quelques quatrains qui semblent avoir été copiés
Dans l' Épître à Henri Second qui précède les trois dernières Centuries de ses Prophéties,
Nostradamus semble dire que ses dons de voyant lui révélaient parfois non l'avenir mais le
passé : « supputant presque autant des aventures du temps à venir, comme des âges passés
»
[28]
.
Son admiratif interprète Chavigny intitula d'ailleurs Le Janus françois un livre où il
expliquait certains quatrains par des évènements antérieurs à leur publication.
Dans des lettres publiées en 1724 par le Mercure de France, un anonyme relevait lui aussi
des «prophéties» de Nostradamus qui semblaient tournées vers le passé et, à la différence
de Chavigny, il en concluait que Nostradamus se moquait de son lecteur.
L'existence de « quatrains du passé » a reçu plusieurs confirmations, surtout grâce aux
travaux de Pierre Brind'Amour, qui datent des dernières années du XXe
siècle. On a ainsi
découvert des emprunts très nets à l'astrologue Richard Roussat, à l'érudit florentin Petrus
Crinitus et à des auteurs antiques comme Tite-Live, Julius Obsequens etc.
Voici quelques exemples.
• Centurie 1, quatrains 1 et 2:
Estant assis de nuit secret estude,
Seul repousé sur la selle d'ærain,
Flambe exigue sortant de solitude
Fait proferer qui n'est à croire vain.
La verge en main mise au milieu de Branches,
De l'onde il moulle & le limbe & le pied.
Vn peur (conjecture : Vapeur) & voix fremissent par les manches,
Splendeur diuine. Le diuin prés s'assied.
Nostradamus 8
Petrus Crinitus, De honesta Disciplina, réédité à Lyon en 1543, livre 20, rapporte, d'après
Jamblique (traduit en latin par Marsile Ficin), comment les Sibylles pratiquaient la
divination « à Branches » (in Branchis). En quelques lignes, il est question d'un « souffle ou
feu ténu » (tenuem spiritum et ignem) ; d'une pythie assise « sur un siège d'airain » (super
aeneam sellam), d'une autre qui tient « une verge dans sa main » (virgam manu gestat),
baigne dans l'eau ses pieds et la bordure de ses vêtements (pedes limbumque undis proluit)
ou encore aspire la « vapeur » (vaporem) et est emplie de « splendeur divine » (divino
splendore).
(Noté par P. Brind'Amour[29] )
• Centurie 1, quatrain 42 :
Le dix Kalendes d'Apuril de faict Gotique (conjecture : Gnostique)
Resuscité encor par gens malins:
Le feu estainct, assemblée diabolique
Cherchant les or du d'Amant & Pselyn.
Dans le même livre de Petrus Crinitus, l. 7, ch. 4, il est question de Gnostiques (Gnostici)
qui, cherchant à profiter des enseignements de Psellus et d'Origène Adamantius (Psellus,
Origenes Adamantius), s'assemblent (convenire) le dix des Calendes d'avril (X. Cal. Apri.)
et, toutes lumières éteintes (luminibus extinctis), commettent des abominations.
(Noté par P. Brind'Amour[30] )
• Centurie 2, quatrain 41 :
La grand'estoile par sept iours bruslera,
Nuée fera deux soleils apparoir:
Le gros mastin toute nuit hurlera
Quand grand pontife changera de terroir.
Julius Obsequens, dans son Livre des Prodiges (réédité en 1552 par Conrad Lycosthenes),
raconte qu'après l'assassinat de Jules César, « une étoile brûla pendant sept jours. Trois
soleils brillèrent (...). Des hurlements de chiens furent entendus de nuit devant la maison du
grand pontife (...). » (Noté par Brind'Amour[31] )
• Centurie 5, quatrains 6 et 75 :
Au roy l'Augur sur le chef la main mettre,
Viendra prier pour la paix Italique :
A la main gauche viendra changer le sceptre
De Roy viendra Empereur pacifique.
Montera haut sur le bien [conjecture : lieu] plus à dextre,
Demourra assis sur la pierre quarrée :
Vers le midy posé à la senestre,
Baston tortu en main, bouche serrée.
Tite-Live raconte ainsi l'inauguration du roi Numa Pompilius :
« Alors, sous la conduite de l'augure (...), Numa se rendit à la citadelle et s'assit sur une
pierre face au midi. L'augure prit place à sa gauche, la tête voilée et tenant de la main
droite un bâton recourbé et sans nœud appelé lituus. De là, embrassant du regard la ville et
la campagne, il (...) marqua dans le ciel les régions par une ligne tracée de l'est à l'ouest et
spécifia que les régions de droite étaient celles du midi, les régions de gauche celles du
Nostradamus 9
nord (...). Puis, faisant passer le lituus dans sa main gauche, et plaçant la droite sur la tête
de Numa, [il demanda un signe de la part des dieux]. [32] »
Immédiatement après, Tite-Live dit que Numa fut un roi pacifique qui éleva le temple de
Janus pour symboliser la paix, et il loue l'empereur régnant, Auguste, d'être lui aussi
pacifique[33]
.
(Noté par G. Dumézil[34] )
• Centurie 6, quatrain 100 :
LEGIS CANTIO CONTRA INEPTOS CRITICOS
Quos legent hosce versus, maturè censunto :
Profanum vulgus, & inscium ne attrestato :
Omnesque Astrologi, Blenni, Barbari procul sunto :
Qui aliter facit, is ritè, sacer esto.
Petrus Crinitus, à la fin de son De honesta disciplina, déjà cité, avait mis cette strophe
latine :
Legis cautio contra ineptos criticos
Quoi legent hosce libros, maturè censunto :
Profanum uolgus & inscium, ne attrectato :
Omnesque legulei, blenni, barbari procul sunto :
Qui aliter faxit, is ritè sacer esto.
(Noté par Brind'Amour[35] )
• Centurie 7, quatrain 41 :
Les os des pieds et des mains enserrés,
Par bruit maison longtemps inhabitée;
Seront par songes concavant déterrés,
Maison salubre et sans bruit habitée.
Pline le Jeune, Lettres, VII, 27 : « Il y avait à Athènes une maison vaste et spacieuse, mais
décriée et funeste. Dans le silence de la nuit, on entendait un bruit de fer (...) et un
froissement de chaînes (...). Bientôt apparaissait le spectre : (...) ses pieds étaient chargés
d'entraves et ses mains de fers qu'il secouait. (...) Aussi, dans la solitude et l'abandon
auquel elle était condamnée, cette maison resta livrée tout entière à son hôte mystérieux.
(...) [Le philosophe Athénodore loue la maison et y veille la nuit. Le spectre survient et
l'invite à le suivre dans la cour, où il disparaît. Athénodore marque le lieu.] Le lendemain, il
va trouver les magistrats et leur conseille de fouiller en cet endroit. On y trouva des
ossements enlacés dans des chaînes. (...) On les rassembla, on les ensevelit publiquement
et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. » (trad. De
Sacy et Pierrot)
(Noté par E. Gruber[36] )
• Centurie 9, quatrain 20 :
De nuit viendra par la forest de Reines
Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche,
Le moine noir en gris dedans Varennes
Nostradamus 10
Esleu cap. cause tempeste feu, sang tranche.
Dans La Guide des chemins de France, édité(e) chez Charles Estienne en 1553, les pages
137 à 140 concernent les confins du Maine et de la Bretagne, à raison de quelques brèves
lignes par page.
On y trouve les mentions suivantes :
p. 137 : Vaultorte, Heruee (probablement coquille pour l'actuelle Ernée), un ruisseau «
faisant le depart (cfr. les deux pars de Nostradamus) de la comté du Maine et de la duché
de Bretaigne »;
p. 138 : Forest de Renes;
p. 139 : Varennes;
p. 140 : la pierre blanche.
(Noté par Chantal Liaroutzos[37] )
Certaines découvertes dans ce sens ont été présentées directement sur Internet, sans
publication antérieure en livre ou en revue. C'est ainsi que L. de Luca[38] a découvert que la
strophe latine mise par Nostradamus dans le prologue de sa Paraphrase de Galien est tirée
des Inscriptiones sacrosanctae vetustatis, ouvrage de Petrus Apianus et Bartholomeus
Amantius, édité à Ingolstadt en 1534. (Cet emprunt avait échappé à P. Brind'Amour, édition
des Premières Centuries, Droz, 1996, p. 277.)
De mëme, P. Guinard[39] a découvert qu'Ulrich von Hutten est cité très souvent dans les
Présages de Nostradamus et qu'il a fourni de la matière à un au moins des quatrains des
Prophéties :
« Bis petit obscurum et condit se Luna tenebris
« Ipse quoque obducta pallet ferrugine frater. »
(« Deux fois la Lune cherche l'obscurité et se cache dans les ténèbres,
« Et son frère lui-même pâlit, couvert d'une couleur ferrugineuse »)
(Ulric von Hutten, Poemata, éd. Böcking, p.253, reproduit sur le site de l'université de
Mannheim [40])
« Lune obscurcie aux profondes tenebres,
« Son frere pasle de couleur ferrugine »
(Nostradamus, Prophéties, I, 84.)
Peter Lemesurier et Gary Somai ont également fait des rapprochements intéressants. Voir
le site http://www.placeoftheskull.com/
Faux
Juste après les attentats du 11 septembre 2001, le texte suivant a beaucoup circulé sur
Internet :
In the City of God there will be a great thunder,
Two brothers torn apart by Chaos,
while the fortress endures,
the great leader will succumb,
The third big war will begin when the big city is burning
traduction:
Dans la cité de Dieu il y aura un grand tonnerre
Deux frères seront séparés par le chaos
Pendant que la forteresse endure
Nostradamus 11
Le grand meneur succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande cité brûlera
Ce texte n'est pas un quatrain de Nostradamus (ce n'est même pas un quatrain), il fut écrit
en 1997 et publié sur une page web par Neil Marshall, étudiant canadien de Brock
University, qui voulait montrer qu'on pouvait fabriquer à la manière de Nostradamus des
prophéties assez ambiguës pour supporter de nombreuses interprétations. Ce qui concerne
la troisième grande guerre n'est pas de Neil Marshall et fut ajouté après les attentats du 11
septembre. (http://www.snopes.com/rumors/predict.htm#brothers).
Les Sixains, qui furent publiés pour la première fois au XVIIe
siècle, sont considérés comme
faux même par les partisans de la prescience de Nostradamus, car ils ne sont pas dans son
style et son vocabulaire et sont beaucoup plus explicites que les quatrains centuriques. Par
exemple, le sixain 52 :
La grand'Cité qui n'a pain à demy
Encor un coup la sainct Barthelemy
Engravera au profond de son ame:
Nisme, Rochelle, Geneve & Montpellier,
Castres Lyon, Mars entrant au Bélier,
S'entrebatteront: le tout pour une Dame
évoquerait le Massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. La grand'Cité serait Paris.
Nisme, Rochelle, Geneve & Montpellier sont les quatre principales villes protestantes. une
Dame indiquerait Catherine de Médicis.
Il existe aussi la traduction française d'un mélange de canulars, volontairement troublant,
répandu en anglais après les attentats du 11 septembre 2001 (voir ci-dessus), et qui, il est
bien évident, manquent de la rime et la scansion métrique qui caractérisent le « vers
commun » qu'utilisait Nostradamus :
Dans l'année du nouveau siècle et neuf mois,
Du ciel viendra un grand roi de terreur...
Le ciel brûlera à quarante-cinq degrés.
Le feu approche la grande nouvelle ville...
Dans la ville d'York, il y aura un grand effondrement,
Deux frères jumeaux déchirés par le chaos
Tandis que la forteresse tombe le grand chef succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande ville brûlera.
Voir aussi
Bibliographie
• Jean-Aimé de Chavigny, Recueil des présages prosaïques de M. Michel de Nostradame
lors qu'il vivoit, conseillier du Roy treschr(est)ien Charles IX du nom, et Médecin
ordinaire de sa Magte (1589)
• Garencières, Théophile de: The true prophecies or prognostications of Michel
Nostradamus, Londres, 1672. Traduction anglaise des Prophéties de Nostradamus. A
repéré dans les deux premiers vers du quatrain VI, 89 une citation d'un passage de
Plutarque (Vies, Artaxerxès, ch. 16) sur le supplice du « scaphisme ».
Nostradamus 12
• Palamède Tronc du Coudoulet, (Abrégé de la vie de Michel Nostradamus, suivi d'une
nouvelle découverte de ses quatrains (1701)
• Jean Le Roux, La Clef de Nostradamus, Isagoge ou Introduction au véritable sens des
Prophéties de ce fameux auteur, avec la critique touchant les sentimens &
interprétations de ceux qui ont ci-devant écrit sur cette matière (1710). Eut le mérite de
prôner une étude philologique du texte de Nostradamus (latinismes, étymologismes,
figures de style, prosodie).
• Anonyme, Lettre critique sur la personne et sur les écrits de Michel Nostradamus,
Mercure de France, août et novembre 1724. Relève, dans un esprit rationaliste, des
coïncidences entre certains quatrains des Prophéties et des évènements antérieurs à la
publication de ces quatrains. Tout n'est pas également convaincant, mais on repoussera
difficilement, par exemple, le rapprochement entre le quatrain VIII, 72 et le siège de
Ravenne de 1512.
• H. Torné-Chavigny, L'Histoire prédite et jugée par Nostradamus. Texte de l'édition de
1566, à Lyon, par Pierre Rigaud. Preuves tirées des auteurs les plus connus, 1860. P.
Brind'Amour prise peu cet auteur mais lui sait gré d'avoir reconnu en Savonarole une
source de l'Epître à César.
• Eugen Parker, « La légende de Nostradamus et sa vie réelle », Revue du Seizième Siècle,
tome X, 1923, pp.93-106, 148-158. (À la suite de l'anonyme du Mercure de France,
explique certains quatrains des Prophéties par des évènements qui leur sont antérieurs.)
• Eugène Lhez, « Aperçu d'un fragment de la correspondance de Michel de Nostredame »,
Provence Historique, t.11, 1961.
• Eugène Lhez, « L'ascendance paternelle de Michel de Nostredame », Provence
Historique, t.18, 1968.
• Éric Muraise, Saint-Rémy de Provence et les Secrets de Nostradamus (1969)
• Dr Edgar Leroy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son œuvre, éd. Bergerac, 1972 ( rééd.
Jeanne Laffitte, 1993).
• Jean Dupèbe, Nostradamus: Lettres inédites (1983) Édition scientifique.
• Georges Dumézil, «...Le moyne noir en gris dedans Varennes» Sotie nostradamique
(1984). Dumézil déçoit le lecteur rationaliste (deux ans avant la bombe de Chantal
Liaroutzos, il soutient l'interprétation traditionnelle du quatrain de Varennes comme
annonçant la fuite de Louis XVI), mais il s'est aperçu que Nostradamus « trichait »
parfois et il en donne deux très bons exemples : les quatrains V, 6 et V, 75, très
probablement inspirés de l'inauguration du roi Numa telle que racontée par Tite-Live.
• Louis Schlosser, La vie de Nostradamus, Paris, 1985. Soutient que les Prophéties sont
une chronique de la première moitié du seizième siècle (p. 67). Il y a peut-être à glaner,
mais l'auteur n'indique guère ses sources et on peut craindre qu'il n'adapte parfois
l'histoire aux besoins de sa thèse. Par exemple, où a-t-il trouvé que, conformément au
quatrain I, 86, Marie de Hongrie était dévêtue quand elle traversa le Danube lors de la
bataille de Mohacs (p. 69-70) ? Le rapprochement qu'a fait Brind'Amour entre ce
quatrain et l'héroïne romaine Clélie est beaucoup plus convaincant.
• Chantal Liaroutzos, « Les prophéties de Nostradamus : suivez la Guide », in Réforme,
Humanisme et Renaissance 23 (Lyon, 1986). Révéla que des enfilades toponymiques des
Prophéties, et notamment celle du fameux quatrain de Varennes, ont certainement été
empruntées au Guide des Chemins de France, de Charles Estienne. (Selon J. Halbronn,
les Voyages, du même Charles Estienne, ont encore plus de points de rencontre avec les
Prophéties.)
Nostradamus 13
• Michel Chomarat, avec la collaboration de Jean-Paul Laroche, Bibliographie Nostradamus
XVIe - XVIIe - XVIIIe siècles, Baden-Baden et Bouxwiller, 1989. (« Indispensable pour
toute recherche sur Nostradamus. » Chevignard.)
• Michel Dufresne, Dictionnaire Nostradamus, Chicoutimi (Québec), éd. J.C.L., 1989.
Définition, fréquence et contexte de chacun des six mille mots contenus dans l'édition de
1605 des Centuries.
• Robert Benazra, Répertoire chronologique nostradamique, 1990. Recommandé par tous
les spécialistes universitaires de Nostradamus.
• Pierre Brind'Amour, Nostradamus et l'histoire romaine, dans Hommage à la mémoire de
Ernest Pascal (dans Cahiers des Études anciennes, t. 23), 1990, t. 1, pp. 55-65. Élucide
diverses allusions à l'histoire de la Rome antique éparses dans les Prophéties. Semble
ignorer qu'il a été précédé par Dumézil dans l'interprétation des quatrains V, 6 et V, 75.
• Pierre Brind'Amour, Nostradamus Astrophile, 1993. Ce livre révéla les emprunts de
Nostradamus au De honesta disciplina, de Petrus Crinitus.
• Pierre Brind'Amour, Nostradamus. Les premières Centuries ou Prophéties, 1996. Édition
savante de l'Epître à César et des 353 premiers quatrains. Repère de façon très
convaincante de nombreux emprunts de Nostradamus à des livres édités à son époque.
• Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France, formation et fortune, Thèse, Paris
X-Nanterre. Dir.: Jean Céard, 1999. (à lire sur propheties.it) Dans cette thèse et dans
divers articles, l'auteur soutient que toutes les éditions anciennes conservées des
Prophéties attribuées à Nostradamus sont antidatées et ne sont pas l'œuvre de
Nostradamus mais de faussaires du temps de la Ligue. Cette thèse n'a pas recueilli
beaucoup de suffrages et on peut penser que l'auteur a fait moins de sceptiques quand il
a proposé une hypothèse sur la source des allusions à l'histoire d'Angleterre (Les
Centuries et l’Angleterre. La question des sources, 2005. [41]. Voir aussi de cet auteur,
son post doctorat (EPHE Ve section, 2007): « Le dominicain Jean Giffré de Réchac et la
naissance de la critique nostradamienne au XVIIe
siècle ». 4*. L'auteur penche
actuellement pour une première diffusion manuscrite qui n'aurait été imprimée qu'au
début des années 1580.
• Roger Prévost, Nostradamus, le mythe et la réalité, 1999. Dans la ligne de l'anonyme du
Mercure de France et de Brind'Amour, explique les Centuries comme des allusions à des
évènements qui appartenaient déjà au passé quand les «prophéties» étaient rédigées.
Pour les besoins de sa thèse, il lui arrive de supposer que l'édition de 1555 est antidatée.
• Bernard Chevignard, Présages de Nostradamus, 1999. (Livre I d'une édition scientifique
des Almanachs.)
• Dr. Lucien de Luca, Logodaedalia, 2001. (A notamment découvert dans le quatrain V, 31,
un emprunt au poème médiéval Architrenius ou Archithrenius. Le même auteur a
découvert que la strophe latine citée par Nostradamus dans sa Paraphrase de C. Galen
provient du livre Inscriptiones sacrosanctae vetustatis, de Petrus Apianus et
Bartholomeus Amantius, édité à Ingolstadt en 1534 ; voir son site Internet Logodaedalia.)
• Ian Wilson, Nostradamus The Evidence, Londres, éd. Orion, 2002.
• Jean-Paul Clébert, Prophéties de Nostradamus, 2003. Éclaire (philologiquement) de
nombreux passages des Prophéties par des passages analogues des Présages. L'auteur,
qui ne manque pas d'érudition, reconnaît sa dette envers Brind'Amour. On est d'autant
plus étonné de le voir parfois conclure à la prescience de Nostradamus sur des bases
assez faibles (quatrain IV, 88). Dans un livre antérieur, Nostradamus, mode d'emploi,
Paris, 1981, qui n'est qu'une esquisse de celui-ci, il avait envisagé que les indications
Nostradamus 14
toponymiques du fameux quatrain de Varennes se rapportent en fait à la province du
Maine, conjecture dont Chantal Liaroutzos allait faire une certitude.
• Elmar R. Gruber, Nostradamus, Sein Leben, sein Werk und die wahre Bedeutung seiner
Prophezeiungen, 2003. L'auteur est un tenant du paranormal, mais le présent livre est
d'inspiration rationaliste. Il semble que Gruber soit le premier à avoir fait le
rapprochement entre le quatrain 7, 41 et la lettre 7, 27 de Pline le Jeune.
• Peter Lemesurier, The Unknown Nostradamus, 2003 (biographie) et Nostradamus: The
Illustrated Prophecies (comprenant de nombreuses gravures contemporaines), qui
évoquent tous deux les origines historiques de la plupart des Prophéties
• Nostradamus, Prophéties. Présentation par Bruno Petey-Girard. Paris, Flammarion, 2003.
Édition des Centuries I à VII, considérées comme d'authenticité certaine parce que non
posthumes. Sérieux, dans la ligne de Brind'Amour.
Liens externes
• (fr) Nostradamus et les catastrophes [42] Dossier du Cercle Zététique.
• (fr) Présentation de l'ouvrage The Mask of Nostradamus du sceptique James Randi [43]
sur pseudo-sciences.org
• Nostradamica [44] Patrice Guinard. Intéressant au point de vue bibliographique, même si
on ne partage pas la croyance de P. Guinard dans la prescience de Nostradamus.
• (en) Fac-similés de livres de Nostradamus, sur lui ou en rapport avec lui, de 1539 à nos
jours. [45] Précieux au point de vue bibliographique.
• (en) FAQ sur le site d'un spécialiste de Nostradamus [46]
• (de) Fac-similés des cinq premières éditions des Prophéties, mises en regard [47] Précieux
au point de vue bibliographique, indépendamment des opinions du site en matière de
divination.
• (en) Interprétation des quatrains (résumé seulement) et des lettres de l'œuvre Les
Prophéties de M. Michel Nostradamus [48] Un exemple d'exégèse prenant au sérieux le
caractère prophétique des Centuries.
• Forum factuel Nostradamus [49]
• Commentaires sur quelques livres, par un spécialiste de la bibliographie de Nostradamus
[50]
Notes et références
[1] Dr. Edgard LeRoy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son œuvre, p. 59
[2] Pierre Brind'Amour, Nostradamus Astrophile, p. 111
[3] Il existe un acte notarié de mai 1455 entre Pierre de Nostredame et Hugues Véran - Dr. Edgar Leroy,
Nostradamus, ses origine, sa vie, son œuvre, p. 14
[4] Dr. Edgard Leroy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son oeuvre, p. 24
[5] Chavigny, Janus Gallicus, Lyons 1594.
[6] Pierre Brind'Amour, Nostradamus astrophile, Ottawa, 1993, pp. 111-115, qui renvoie à V.L. Saulnier, «
Médecins de Montpellier au temps de Rabelais », dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, t. XIX, 1957,
p. 425-479, et à Michel Chomarat et Jean-Paul Laroche, « Nostradamus médecin et apothicaire », dans Cahiers
Michel Nostradamus, n° 2, février 1984, p. 20-21.Le Dr. Edgard LeRoy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son
œuvre ne remet pas lui non plus la qualité de médecin de Nostradamus en question.
[7] Dr. Edgard Leroy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son œuvre, p. 60
[8] Il y aura un procès intenté contre lui par les parents de la belle, probablement au sujet de la dot, cette
année-là. réf: Dr. Edgard Leroy, Nostradamus, ses origines, sa vie, son œuvre, p. 61
[9] ... de subtilitate ad Cardanum. 1557.
[10] Coraddo PAGLIANI, Di Nostradamus et di sue una poco nota iscrizione liminare torinen, Délia Rassegna
mensile municipale, Torino, n° 1, Gennaio, 1934, XII.
Nostradamus 15
[11] Torné-Chavigny, Nostradamus éclairci, Saint-Denis-du-Pin, 1874, p. 121.
[12] E. Jaubert, Vie de M. Nostradamus, Amsterdam, 1656
[13] J. MOURA et P. LOUVET, loc. cit., p. 87.
[14] D'après E. Jaubert, Amsterdam, 1656. Cité par P. E. JACOB, Curiosités des sciences occultes. Paris, p. 249.
[15] François Valériolle, d'un an plus jeune que Nostradamus, fit sa philosophie à Paris, fut reçu licencié en
médecine à Montpellier en 1531 (Nostradamus y avait pris ses inscriptions en 1529) et s'installe d'abord à
Vienne en Dauphiné... En 1544, appelé par les consuls d'Arles, lors d'une épidémie de contagion, son
dévouement lui valut la dignité de patricien. Il se fixa dès lors en Arles, où il eut plusieurs enfants dont un fut
médecin, Nicolas Valériolle, mort en 1631, auteur, lui aussi, de deux traités sur la peste. François Valériolle
vécut encore vingt-huit ans en Arles. Il fut distingué par Charles-Emmanuel de Savoie qui l'appela à Turin en
1572 pour succéder au premier professeur en médecine de l'Université, Jean Argentier, qui venait de mourir.
Valériolle dut mourir à Turin en 1580.
[16] Corrado Pagliani, loc. cit., p. 7.
[17] J. MOURA et P. LOUVET, loc. cit., p. 95.
[18] P. J. DE HAITZE, loc. cit., p. 32.
[19] Si l'on en croit Anatole Le Pelletier, à Lyon, le dénommé Antoine (?) Sarrazin prétendait arrêter seul les
progrès de la «contagion». Nostradamus lui aurait fait part de son ancienne expérience et des observations qu'il
venait de recueillir en Aix. Mais comme Sarrazin n'en voulait pas tenir compte, « qu'il tuait et laissait mourir
tous ceux qu'il soignait », les pestiférés « venaient supplier Nostradamus de les guérir en cachette », situation
mal commode et ridicule qui ne pouvait durer. Finalement, Nostradamus dut mettre les députés de Lyon en
demeure de choisir entre lui-même et Sarrazin - Anatole Le Pelletier, Les Oracles de Michel de Notredame,
Paris, 1867, t. 1.
[20] Marcel GERMAIN, Marignane inventaire du patrimoine, 2005 ; Pierre Brind'Amour, Nostradamus astrophile,
Ottawa, 1993, p. 42-44 et 103.
[21] Dans sa lettre à Henri II il précise : « Mais l'injure que le temps pourrait y apporter, ô serénissime monarque,
requiert que de tels événements secrets ne soient révélés que sous une forme voilée qui n'aura cependant qu'un
seul sens et qu'une unique signification, sans y avoir ajouté de calculs ambigus ou équivoques : »
[22] « Premièrement des temples de Dieu, secondement par ceux qui sont terrestrement soustenus s'approcher
telle décadence, auecques mille autres calamiteuses aduentures, que par le cours du temps on cognoistra
aduenir. », Nostradamus, Les Centuries, Extrait de l'Épître à Henri II
[23] Voir, par exemple, les ouvrages de Jean-Charles de Fontbrune.
[24] En fait, le 30 juin.[réf. nécessaire]
[25] Bernard Chevignard, Présages de Nostradamus, 1999, p. 85, avec références précises aux auteurs en
question.
[26] B. Chevignard, Présages de Nostradamus, 1999, p. 87 et 341.
[27] Caesar de Nostradamus (César de Nostredame), Histoire et chronique de Provence 1614, p. 782, consultable
sur Gallica (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201041d/f404.table).
[28] Épître à Henri Second, reproduction en orthographe moderne dans E. Leoni, Nostradamus and his
prophecies, New York, 1961, reprint Dover, 2000, p. 326.
[29] P. Brind'Amour, Nostradamus. Les premières Centuries ou Prophéties, 1996, p. 45-51.
[30] P. Brind'Amour, Nostradamus. Les premières Centuries ou Prophéties, 1996, p. 108-112.
[31] P. Brind'Amour, Nostradamus. Les premières Centuries ou Prophéties, 1996, p. 250-3.
[32] Tite-Live, Histoire romaine, livre 1er, ch. 18; trad. G. Baillet, Coll. Budé, Paris, 1997, p. 31.
[33] Tite-Live, livre 1er, ch. 19; Coll. Budé, Paris, 1997, p. 31-32.
[34] G. Dumézil, «...Le moyne noir en gris dedans Varennes» Sotie nostradamique 1984, pp. 116-126.
[35] Pierre Brind'Amour, Nostradamus Astrophile, 1993, p. 99-100.
[36] Elmar R. Gruber, Nostradamus, Sein Leben, sein Werk und die wahre Bedeutung seiner Prophezeiungen,
2003, p. 193.
[37] Chantal Liaroutzos, « Les prophéties de Nostradamus : suivez la Guide », in Réforme, Humanisme et
Renaissance 23 (Lyon, 1986)
[38] L. de Luca, « Nostradamus lecteur d'Apianus », en ligne sur le sits del'auteur (http://logodaedalia.chez-alice.
fr/apianus.htm) et sur cet autre (http://nostredame.chez-alice.fr/nluca5.html#ref6)
[39] Voir son site Internet (http://cura.free.fr/dico-a/702A-pro1557.html).
[40] http://www.uni-mannheim.de/mateo/camena/hutten1/huttenopera.html
[41] http://ramkat.free.fr/nhalb98.html
[42] http://www.zetetique.ldh.org/nostradamus.html
[43] http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article143
[44] http://cura.free.fr/mndamus.html
[45] http://www.propheties.it/bibliotheque/index.html
Nostradamus 16 [46] http://www.nostradamus500.com/GenFAQs.htm [47] http://www.nostradamus-bibliothek.de/propheties.htm [48] http://www.michelnostradamus.org [49] http://fr.groups.yahoo.com/group/REELNOSTRADAMUS/ [50] http://michel.nostradamus.free.fr/interp.html
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