mardi 22 décembre 2009

Les tares de la communication astrologique.

par Jacques HalBronn

Nous mettons en ligne dans quelques jours des extraits d' une émission de FR3 tournée en l'An 2000, à Lyon et qui vient compléter celle que nous avons déjà présentée, il y a peu, passée sur TF1, fin 1992. On s'interrogera sur la "communication" des astrologues, comme on dit.
Ce qui frappe finalement, c'est que ceux-ci semblent incapables de s'entendre sur ce qui fait le cœur de l'astrologie et mettent en avant ce qui souvent est secondaire et qui plus est varie d'un astrologue à l'autre, ce qui va de pair.
Mais leurs adversaires, également, ne semblent pas trop savoir ce qui compte vraiment pour la cause astrologique et partent le plus souvent sur de fausses pistes qui restent en surface.
C'est d'ailleurs là tout l'inconvénient de faire représenter l'astrologie par des praticiens ou des enseignants de la pratique astrologique, c'est qu'ils proposent un produit "clefs en main", qui comporte forcément à la fois les fondations mais aussi le type de lavabo voire de tapis pour le salon, sinon le téléviseur ou les fleurs du jardin. Bref, chacun propose "son" astrologie et celle-ci est évidemment indéfendable sous cette forme "globale" ne serait-ce que parce que toutes sortes de facteurs non astrologiques et non maîtrisées interfèrent, comme des effets de mode, comme ce qui est tombé sous la main etc L'avoir se mélange avec l'être, l'occasionnel avec l'essentiel si bien que l'hétérogène l'emporte sur l'homogène. La maison est effectivement habitée, meublée, décorée mais ce n'est pas ainsi que l'on enseigne l'architecture ou la maçonnerie!
Pour le praticien/enseignant - car pour nous ils offrent les mêmes défauts - on est dans le tout ou rien. C'est comme pour une langue: on ne se contente pas du squelette. Chaque détail compte et chaque détail peut faire l'objet d'attaques contre l'astrologie. Le problème, c'est que chaque astrologue est attaché à sa façon de faire et n'est pas vraiment intéressé à défendre l'astrologie en général ou plutôt parait incapable de distinguer ce qui est fondateur en astrologie et ce qui ne l'est pas.
Prenons le cas du zodiaque: la plupart des astrologues praticiens n'imagineraient pas l'astrologie sans zodiaque et pourtant c'est tout à fait possible et en outre il y a plusieurs écoles qui se disputent à ce sujet précisément parce que cela n'est pas si important que cela. Le zodiaque a pris une place excessive dans l'imaginaire de l'astrologue.
Certes, ne jouons pas sur les mots: si par zodiaque on entend le trajet suivi par les planètes sur l'écliptique, il va de soi que c'est incontournable. Mais si par zodiaque on entend la signification des différents secteurs traversés par les planètes, c'est une toute autre affaire. Or, on tend plus ou moins délibérément à amalgamer ces deux niveaux qui ne relèvent pas de la même épistémologie.
Nous voudrions que les astrologues fassent la part de l'objectif et du subjectif en astrologie. Qu'ils disent carrément "moi je travaille comme ceci ou comme cela" mais qu'ils ne mettent pas cela sur le compte de l'Astrologie avec un grand A mais de leur astrologie, avec un petit a....Tout le monde comprendrait qu'un praticien doit faire des choix plus ou moins aléatoires pour s'y retrouver comme lorsque l'on aménage une maison, pour garder cette comparaison qui nous semble parlante. Tout se passe comme si nos astrologues avaient un problème pour affirmer leur subjectivité, comme s'ils avaient été brimés, dans leur enfance, au niveau d'une libre expression du moi, d'où des façons un peu sournoises de procéder, pas très franches du collier. Pourtant, il ne viendrait à personne faisant visiter sa maison de laisser croire qu'il l'a achetée comme elle est, qu'il n'y a rien changé, ni apporté, qu'elle lui a été vendue telle quelle!
Les anti-astrologues ne devraient pas tomber dans le piège et faire la part des choses. Ils ont affaire à des personnes qui ne sont pas libres dans leur expression et c'est d'ailleurs pour cela qu'elles en sont venues, pour la plupart, à l'astrologie. Qu'ils s'adressent à des gens ne souffrant pas de tels symptômes et de tels syndromes! Passer du temps à débattre autour du zodiaque pour discuter du bien-fondé de l'astrologie est peine perdue! Même la question de Pluton n'est pas déterminante dès lors que l'on a compris que l'astrologie n'est pas obligée de se servir de tout ce qui existe dans le système solaire! Jean-Pierre Nicola fait partie de ceux qui ont cru bon d'affirmer l'existence de liens absolus entre l'astronomie du système solaire et l'astrologie, celle-ci se devant de donner du sens à chaque planète, sans en oublier une seule. Dans les années soixante, Pluton semblait en effet être une planète à part entière mais l'astrologie n'avait pas attendu que l'on découvrît cet astre (1930) pour exister. Que d'aucuns aient cru bon d’y ajouter Pluton est leur affaire! Comme on avait cru bon, quelques décennies plus tôt d'inclure sous le nom de Vulcain une hypothétique planète intra-mercurielle (dont on trouve encore la trace dans les premiers numéros des Cahiers Astrologiques de Volguine, d'avant guerre). Ca va et ça vient.
Est-ce que le débat autour de l'astrologie doit sérieusement tourner autour du fait que l'astrologie doit impérativement rendre compte de chaque planète du système solaire y compris de celles que l'on pourrait un jour découvrir et qui seraient soi terriblement petites, soit considérablement lointaines et lentes? Est-ce à un tel supplice que l'astrologie serait condamnée pour l'éternité avec cette épée de Damoclès au dessus de sa tête? Peut être, certains astrologues ne font là que projeter sur l'astrologie leur propre angoisse existentielle, leur sentiment d'insécurité comme ces parents qui élevés dans la difficulté et la précarité font vivre leur progéniture dans un même climat....? N'est-il pas temps de déclarer : "pouce, on arrête. La question du choix des planètes nouvelles est une affaire personnelle de l'astrologue qui n'engage pas l'Astrologie!" . Le problème, c'est que l'astrologie a beaucoup de médecins à son chevet et que chacun y va de sa panacée, de sa trouvaille, de son gadget!
Disons les choses clairement: même si une seule planète était agissante sur le cours des choses humaines, cela suffirait à fonder l'Astrologie à condition de ne pas jouer, une fois de plus sur les mots. Cela ne justifierait pas l'astrologie de tel ou tel astrologue mais l'Astrologie en tant que Science sur laquelle chaque astrologue pourrait installer ses petites affaires personnelles sans conférer à celles-ci plus d'importance qu'elles ne le méritent. Pour le praticien de l'astrologie, certes, ce qui compte, c'est de légitimer "son' astrologie, sa façon de travailler. Et c'est là que réside le grand malentendu. On ne parle pas de la même chose! Que l'on imagine, dans un débat autour de l'Astrologie un tel déballage de recettes individuelles, de solutions personnelles! Or c'est exactement ce à quoi l'on assiste...Comme si l'astrologie du voisin importait peu puisqu'il s'agit de vendre l'astrologie que l'on pratique!
Voilà donc que l'on organise des débats autour de l'Astrologie, de ce qui la fonde et que cela devient tout autre chose, dans un désordre total avec cette seule constante: chacun défend '"son" astrologie. Le problème, c'est que l'on risque de mettre sur le même pied la façon dont chacun aménage son astrologie et la question de ce qui fait l'essentiel de l'astrologie. C'est ainsi que si quelqu'un arrive en disant qu'il a élaboré un nouveau modèle en astrologie, on confondra son propos avec les petites modifs apportés par tel ou tel praticien! Or, on ne joue pas dans la même cour!
Mais pour que l'on ne mélange pas tout, encore faudrait-il que les théoriciens, les penseurs de l'astrologie restent à leur place et n'empiètent pas non plus sur le territoire des praticiens et donc évitent le concept d'astrologie "clefs en main". Nous pensons qu'un modus vivendi doit être obtenu entre ces deux "corporations", avant même d'aborder les astrosceptiques, étant entendu que le nombre de vrais théoriciens- qui sont des patriciens de l'astrologie et non des praticiens - est infiniment plus restreint que celui des praticiens.
On attend du théoricien -ce qui correspond à un membre d'une certaine aristocratie de la société astrologique- qu'il dessine les grandes lignes et laisse en option le reste à la façon dont un architecte n'impose pas à tous les habitants de l'immeuble dont il a tracé les plans les mêmes meubles. Dialectique intéressante entre immeuble et meuble! En astrologie aussi, il y a l'immeuble et les meubles. Le théoricien fait construire l'immeuble et ensuite il passe la main à ceux qui vont l'habiter, qui l'ont acquis (habitat (comme habit, habitude) vient de habere, avoir, en latin)
Quand quelqu'un reçoit chez lui des invités, il peut tout ignorer des lois de l'architecture. Il présentera "sa maison" mais en fait ce ne sera que l'espace dans lequel il vit, il s'est installé. Là encore, il y a des glissements sémantiques! Eh bien, pour l'astrologue praticien, c'est pareil. Si on lui demande comment l'immeuble a été conçu et construit, quels matériaux on a utilisés, pourquoi tel agencement et pas tel autre etc., qu'il se réfère à l'architecte et évite de dépasser son niveau d'incompétence! Mais l'astrologie ne donne-t-elle pas l'illusion de pouvoir parler pertinemment de ce qu'on ignore, à commencer par le client qui se présente devant l'astrologue ou tout simplement du futur voire du passé?
Certes, l'on comprend la tentation de vouloir s'approprier l'astrologie, de A jusqu'à Z mais c'est infantile. Celui qui est en A n'est pas en Z et vice versa. On est dans la dualité entre le tronc et les branches. Il est vrai que dans la vie courante, les gens sont souvent frustrés de ne pas maitriser quelque chose entièrement. Mais l'astrologie n'a pas à souffrir de tels fantasmes!
Quand bien même, l'astrologie ne serait réellement fondée que sur un nombre limité de planètes et ne concernerait directement qu'un nombre limité de personnes, son socle n'en serait pas moins bel et bien établi car à partir d'un noyau dur, un effet peut se diffuser de proche en proche à un niveau global encore que les modalités d'une telle diffusion, quant à elles, puissent être contingentes de par leur diversité même . Petites causes, grands effets.
En ce qui concerne la définition de l'Astrologie, il nous semble éminemment préférable de parler de l'influence de configurations et non d'astres, en excluant la notion de "passage" dans tel ou tel secteur (signe zodiacal, que ce soit en tropique ou en sidéral). La notion même de signal est liée selon nous à celle de configuration, bien plus intéressante que celle de mouvement. Nous dirons que l'astrologie est l'étude du retentissement de certaines configurations (impliquant le rapport entre deux facteurs célestes) sur le rythme de certaines activités humaines. On pourrait parler ici d'une sorte de newtonisme psychique. Le concept central de l'astrologie est la conjonction entre deux facteurs célestes. On notera d'ailleurs que le mot "début" correspond bien au commencement d'un cycle, puisque, étymologiquement, cela signifie s'éloigner du but et le but c'est la conjonction, à la fois but (comme au foot ball, d'où le gardien de buts) et début, à la fois fin et commencement. Le mot "départ" va dans le même sens, il indique- par le préfixe "dé" l'idée de quelque chose qui se sépare.
Bien entendu, il n'est pas conseillé de mettre en avant le fait que l'astrologie s'intéresse à tout un chacun. Est-ce que le zoologue prétend étudier le cas de chaque chien en particulier? Non, il fixe une norme. A partir de là, le vétérinaire en tirera des enseignements pour sa pratique, quand il s'agira de traiter le cas de Bobby ou de Mirza! Dire d'entrée de jeu que chaque personne dépend directement des astres relève de l'argument commercial plutôt que scientifique. Comme nous ne cessons de le répéter depuis quelque temps, l'astrologie n'a pas besoin de "marcher" pour tout le monde. Ce n'est pas une condition sine qua non de son épistémologie tout comme elle n'a pas non plus à affirmer que toutes les planètes du système solaire ont une action de son point de vue. Ce sont là des erreurs de positionnement stratégique! Il vaut mieux parler d'un processus de diffusion spatio-temporel: il y a les récepteurs principaux, à savoir une minorité d'humains, directement en phase avec certaines configurations. Et puis, à partir de cet instant T de réception du signal conjonctionnel par la dite minorité, l'influence cosmique s'exercera de proche en proche et bien entendu avec un décalage croissant dans le temps par rapport au point d'impact. Nous dirons que l'astrologie détermine la rythmicité des forces directrices de l'Humanité, elle est donc liée à l'exercice du pouvoir, au plus haut niveau, d'où le terme de cosmocratique que nous avons proposé comme nouveau concept de la pensée politique du XXIe siècle.






JHB
27. 10. 09

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