lundi 8 mars 2010

Jusqu'où faut-il repenser l'astrologie?

par Jacques HalBronn


On nous reproche parfois de trop nous référer aux travaux de Jean-Pierre Nicola (né en 1929) aux fins de les réfuter. Mais c'est ce faisant un hommage que nous lui rendons, lui que nous avons connu dès la fin des années soixante aux réunions du CIA (Centre International d'astrologie), de la rue Las Cases, dans le VIIe arrondissement de Paris, voilà donc une bonne quarantaine d'années, encore dans sa trentaine. Ce qui nous interpelle dans le cas de l'astrologie conditionaliste, puisque c'est le nom qui sert à englober l'ensemble de son oeuvre mais l'on parle aussi d'une "astrologie universelle" -un terme qui en aucune façon ne saurait la définir, c'est le projet et sa mise en oeuvre.
Assurément, Nicola avait entrepris de repenser l'ensemble de la tradition astrologique, que cela soit les aspects, le zodiaque, les maisons, les planétes, tout y passe à l'instar de ce qu'avait envisagé un Néroman, dns les années trente-quarante, autour de son Collège Astrologique de France et auteur du Traité d'Asrologie Rationnelle. En ce sens, Nicola est le continuateur de Néroman et ce sont là deux entreprises qui ont marqué nos débuts en Astrologie et tous deux se sont selon nous arrêtés en chemin, c'est à dire trop tôt et ce probablement parce qu'ils ont trop vite trouvé des disciples et ont cessé d'avancer dans leur réflexion au bout d'un certain temps, puisque les résultats étaient là pour confirmer (c'est à dire étymologiquement pour fermer)....
A contrario, notre chance aura été d'une maturation beaucoup plus lente, même si dès 1983, on disait déjà de nous "Certaines de ses théories ont suscité à son propos beaucoup de controverses. Cela ne devrait pas lui déplaire" (E. Alexandre et A.Mathon, "Le Guide des Voyants et des Astrologues", Paris, Ph. Lebaud, p. 186). Certes, avons-nous publié à un âge où ni Néroman ni Nicola n'avaient encore publié, avant nos trente ans un ouvrage ambitieux, Clefs pour l'Astrologie (Seghers, 1976) mais ce n'était là qu'une étape comme le montre le fait que la deuxième édition de cet ouvrage, en 1993, fut totalement refondue et réécrite. Mais nous n'étions pas encore parvenus à nos fins et d'ailleurs nous avions délaissé quelque peu l'astrologie pour nous occuper du prophétisme et de Nostradamus, sur le plan universitaire.(entre 1985 et 2007). Nous laissions passer le temps et n'avons jamais donné de consultation, sinon quelques unes quand nous avions une vingtaine d'années. En revanche, nous avons eu des périodes d'enseignement et de formation de futurs astrologues sans parler de l'organisation d'une multitude de congrès (avec cependant une pause entre fin 1995 et fin 2004, où il n'y eut que l'année 2000 avec deux colloques, dont celui co-organisé avec le CURA de Patrice Guinard, repris sur la télévision astrologique comme un grand nombre des événements que nous avons produits)
En tout état de cause, nous pouvons dire que le milieu astrologique s'est, au cours de 40 ans, fort peu intéressé à nos cogitations visant à une refonte globale de l'astrologie. Il a surtout retenu nos 'guides d'astrologues", nos "catalogues", nos éditions de textes anciens et bien entendu notre Télévision astrologique. .Mais en tant que théoricien de l'astrologie, nous n'étions pas vraiment perçu comme ayant une contribution essentielle à faire passer, qui pourrait donner lieu à l'émergence d'une nouvelle astrologie. Paradoxe d'une certaine précocité sur certains points et d'une maturation tardive sur d'autres.. Nous n'apprécions d'ailleurs que très modérément ceux qui nous parlent de ce que nous avons publié il y a un certain temps sous prétexte que c'était sur papier et notamment dans tel ou tel livre , en ignorant ce que nous avons '"pondu" sur Internet, comme s'il ne s'agissait là que de redites!
En ce début de deuxième décennie du XXIe siècle, nous tenons à changer enfin cette image et à nous positionner dans le domaine de la théorie astrologique globale face à des auteurs qui sont nés dans les années Vingt comme André Barbault, Jean-Pierre Nicola pour ne parler que de ceux qui sont encore parmi nous.(Néroman est mort en 1954, Rudhyar en 1985, Gauquelin en 1991, le sidéraliste Dorsan -un autre courant qui aura compté pour notre formation - en ce début de XXIe siècle)
Nous avons en effet la faiblesse de croire que nous avons dessiné une astrologie propre à marquer le XXIe siècle et de le marquer plus en profondeur que n'ont fait nos prédécesseurs pour le siècle précédent, et ce bien au delà du milieu astrologique. En comparaison, les tentatives de ceux qui auront marqué les générations de la seconde moitié du XXe siècle semblent bien timides et modérées, nous serions tentés de dire, pour employer notre jargon, plus équinoxiales que solsticiales, marquées par un compromis trop vite conclu et arrêté avec les pratiques en vigueur, avec la caste, la corporation des astrologues de cabinet, ce qui par exemple permettra à Nicola de contribuer par divers textes à la production d' Astroflash..
Dès1976, cependant, nous avions déjà indiqué la couleur, dans "Clefs pour l'Astrologie" en partant en guerre contre la religion du thème astral pour tous;, telle que pratiquée par la gent astrologique. L’idée d'une seule planète déterminante allait s'imposer, autour de Saturne, dans les années 90 ("L'astrologie selon Saturne").Mais la route à parcourir était encore bien longue. Il nous fallait notamment réintégrer les étoiles fixes totalement absentes des travaux de nos prédécesseurs, se coupant ainsi d'une dualité entre le mobile et le fixe qui est au coeur du processus cyclique. Il nous fallut proposer une astrologie réservée à une élite, renouant avec les horoscopes royaux, d'où une nouvelle dualité entre les leaders et le peuple.. Et ces (pro)positions ne se manifestèrent peu à peu dans notre discours qu'à l'approche du XXIe siècle, lorsque nous avions franchi le cap des cinquante ans.
Nous avons désormais le sentiment d'avoir franchi un cap, ce qui nous met en phase tant avec le domaine religieux que scientifique voire artistique, du fait d'une astrologie enfin désenclavée, décloisonnée, sortie de son ghetto, pouvant enfin dialoguer, s'entretenir avec d'autres disciplines, tant sur le plan épistémologique qu'éthique.
Ce qui nous distingue d'autres chercheurs en ce domaine, c'est probablement le fait que nous n'avons jamais accepté que l'astrologie soit enfermée dans une certaine idiosyncrasie, qu'elle soit en porte à faux avec l'anthropologique, le religieux, le politique, le juridique, le linguistique, l'économique et ce, en raison de notre première formation universitaire (1965-1973) précédant la phase de soutenance de nos mémoires et de nos thèses devant divers jurys académiques (1979-2007)
On pourrait certes parler d'une astrologie de droite et d'une astrologie de gauche au point que dans bien des cas, semblent exister des a priori idéologiques (voir par exemple le débat avec Serge Bret Morel et Louis Mazuir, sur la télévision astrologique). Il est clair que l'idée d'une astrologie pour tous est "de gauche", elle correspond à ce que nous appelons une solsticialité estivale, solaire - et le soleil brille pour tout le monde. Une astrologie qui s'intéresse à ce qui arrive dans la vie de tout un chacun comme s'il était un personnage important flatte l'égo du client. De fait, pour notre part, nous représenterions plutôt une astrologie de droite, à la solsticialité hivernale, qui considère que le monde est régi par un nombre restreint de décideurs et nous pensons que l'astrologie est née, justement, dans des cercles restreints d'initiés aux "secrets" d'une astronomie planétaire et donc, dialectiquement, stellaire, et non plus soli-lunaire. On notera à quel point, dans les années soixante, les prévisions mondiales d'André Barbault étaient en phase avec celles émanant des milieux soviétiques en ce qui concerne notamment la planification qui s'attendait à ce qu'à la fin de la décennie l'URSS rejoigne en terme de puissance les USA. Il est vrai qu'alors les russes avaient pris de l'avance notamment sur le plan spatial.(le spoutnik)
Nous n'épouserons donc pas la querelle des horoscopes des journaux car nous pensons que cette astrologie "collective" est le reflet d'une certaine réalité sociologique de type solaire.. Elle a en tout cas l'insigne avantage de rappeler aux gens qu'ils ne sont pas des électrons libres mais qu'ils existent en tant que masse. C'est précisément d'une astrologie de gauche qu'il s'agit dans cette popularisation du signe de naissance (éventuellement combinée avec l'ascendant, ce qui donne 144 types). Pour nous, en vérité, il n'est pas sain que les astrologues continuent à offrir un thème astral au premier venu, si ce n'est en tant que support de voyance, ce qui est alors une autre paire de manches. Nous admettons, en effet, tout à fait, que l'on puisse emprunter à l'astrologie telle ou telle notion (les 12 maisons pour le tirage du tarot par exemple(voir nos entretiens avec Patricia Roffay, sur la télévision astrologique).pour conseiller les gens du moment que cette astrologie de bas étage reste à la place qui est la sienne -celle d'une psychothérapie- et du moment que ses praticiens ne s'avisent pas d'imposer leur loi à la '"vraie" astrologie..En effet, dès que l'on pénètre dans le champ de la maladie, l'on repasse au niveau de l'individu. Nous dirons que notre individualité ne s'exprime que par le haut; par notre excellence ou par le bas, par nos déficiences psychiques et physiques. L'astrologie, historiquement, s'est placée sur ces deux plans mais cela concerne, globalement, des populations très différentes et on ne saurait considérer l'ensemble constitué par ces deux domaines comme un tout d'un seul tenant même si une sorte de "canon" astrologique embrasse tout ce qui a trait à l'astrologie, de près ou de loin. Il convient de distinguer l'astrologisme qui traite de tous les textes relatifs au cosmos en tant que clef pour comprendre l'humain et l'astrologie qui en est le noyau dur duquel tout dérive et qui s'est accumulé au cours des âges.
Il y aurait donc une astrologie-source, à droite, et une astrologie à gauche qui serait marquée par un principe de répartition des richesses. L'une impliquant une polarisation sur un nombre très limité de facteurs tandis que l'autre serait amenée à les multiplier comme Jésus (dé)multipliait les pains. Mais la seconde, selon nous n'est jamais qu'une anti-astrologie visant à subvertir l'astrologie, à la dénaturer.
Pour en revenir à des travaux comme ceux de Nicola - auteur de "La condition solaire" - on aura compris, à la lumière de ce qui vient d'être dit, tout ce qui peut nous en séparer, à commencer par une approche globale qui est la sienne tant du système solaire que de la population concernée par celui-ci. Selon une pensée cyclique, d'ailleurs, cette approche globale n'est pas à rejeter, puisque tout processus tend à s'étendre, de proche en proche, à se subdiviser à l'infini mais ce temps que nous appelons disjonctionnel (pour ne pas parler des passages équinoxiaux) correspond à un moment où l'astrologie tend à se dissoudre sinon à se noyer, à régresser vers un stade pré-astrologique, antérieur à l'émergence de la pensée astrologique. Or, il est vrai que notre humanité est dans la dualité en ce que parfois elle est en phase avec un nouvel ordre des choses, très structuré, très sélectif et élitique et tantôt elle retombe dans une ère antérieure à un tel ordre. C'est la problématique de l'ange et de la bête.
Il importe en tout cas de dénoncer une certaine démagogie astrologique qui fait croire aux gens qu'ils sont tous des décideurs, qu'ils ont un temps qui leur est propre alors même que ces mêmes gens savent très bien qu'il n'en est rien, quand ils se retrouvent des millions à regarder la même émission, à la même heure. Ces gens qui n’ont aucun scrupule à répéter la même chose pour la énième fois. Certes, cette astrologie individuelle peut apparaitre comme un antidote à cette psychologie de troupeau mais dans les faits elle doit se contenter de broder sur une telle toile de fond, en s'intéressant à des détails dérisoires et illusoires, tant au niveau du portrait psychologique qu'à celui du vécu quotidien avec ses micro-événements auxquels les clients s'accrochent. Ce qui compte, en vérité, c'est bien la participation à des enjeux qui les dépassent, le fait qu'ils deviennent partie prenant de certains défis, en sachant qu'ils ne comptent que s'ils se regroupent, l'union faisant la force, ce qui est tout le contraire d'une fixation sur sa petite personne.
En conclusion, nous dirons que notre principal apport, à la fois en tant qu'historien et théoricien, à la pensée astrologique (voir sous ce titre notre essai de 1986 en tête de l'"Etrange Histoire de l'astrologie", avec Serge Hutin, Paris, Artefact) aura été de distinguer diachroniquement deux ères astrologiques successives, l'une solaire correspondant à un monde anarchique dont certains ont la nostalgie et qui d'ailleurs n'a pas complètement disparu et l'autre saturnienne, introduisant une instance supérieure -en quelque sorte surmoïque - représentée par une élite laquelle ne prend le pouvoir que périodiquement, cycliquement. Nous militons en vue d'une clarification des choses: pour le peuple "solaire", pas de thème natal, mais à la rigueur des attributions zodiacales collectives comme celles que l'on trouve dans la presse (voir les statistiques de Didier Castille) - ce qui correspond somme toute à la réalité sociologique actuelle et pour l'élite "saturnienne", un balisage cyclique articulée autour du supercycle Saturne/étoiles fixes royales, avec à la rigueur un complément fourni par le thème natal, limité aux positions des planètes en maisons (en rapport avec les travaux de Gauquelin). Le thème natal actuel combinant maisons astrologiques et positions zodiacales des planètes; nous semble devoir être abandonné, comme l'a proposé Jean-Marie Lepeltier (voir son intervention au colloque de Rennes, sur la télévision astrologique) C'est dans ce sens que nous entendons que le NOA se dirige (voir notre colloque à venir des 19-20 février, à Paris). Tout le problème, pour l'astrologue, est de déterminer parmi ceux qui s'adressent à lui, ceux qui correspondent au type "solaire" et ceux qui correspondent au type "saturnien"....Il revient à l'astrologue dument formé, dans le cadre du NOA, d'établir, à l'issue de la consultation, à la suite d'une étude approfondie (tant au niveau psychologique qu'événementiel) , un certificat déterminant l'appartenance de son client à l'un de ces deux types, comme lorsque l'on précise le groupe sanguin de quelqu'un. C'est donc à un nouveau cahier de charges de l'astrologue que l'on aboutirait, donc à une nouvelle déontologie.


JHB
18. 11. 10

1 commentaire:

susane a dit…

Très beau blog, merci pour les détails sur les prises de vue, ça va me faire progresser.

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