dimanche 11 juillet 2010

L'astrologie actuelle face au Collectif et à la Dualité

par Jacques HalBronn

Le récent colloque de Toulouse (voir sur la Télévision Astrologique) aura (dé)montré à quel point les astrologues sont mal à l'aise face à des notions aussi fondamentales socialement que le collectif et la dualité. ( . La vraie question est la suivante: entre les mains de qui est tombée l'Astrologie, au service de quelle idéologie? En quoi cela plombe-t-il son image?
Au lieu de réfléchir sur les réactions d'hostilité ou sur l'indifférence de tranches entières de la population (hommes, jeunes), et de procéder à un certain examen de conscience, on nous déclare que l'Astrologie -sous entendu telle qu'elle est pratiquée- est à prendre ou à laisser et que l'on ne cherche à convaincre personne. C'est la politique de l'autruche!
Un tel examen de conscience conduirait à s'interroger sur l'image brouillée et décalée de l'astrologie telle qu'elle se positionne actuellement, ce qui l'empêche de tenir un discours cohérent et crédible.
Comment en effet faire coexiste des propos hyperindividualistes et catégoriels, comment concilier, par ailleurs, l'idée de cyclicité avec celle de thème natal établi pour toute la vie? C'est dire que la problématique spatio-temporelle doit être repensée et recentrée.
La quête individualisante aura conduit l'astrologie dans une impasse. On peut certes tenter de déceler des différences minimes entre les personnes, souvent liées à des facteurs aléatoires et contingents, qui relèvent plus de l'avoir que de l'être, de la "chance" ou de la "malchance" que d'un véritable "destin" bien profilé. Engager l'astrologie sur cette voie, c'est la condamner inexorablement à l'hypercomplexité de ses modèles. On passe du télescope au microscope! Et bien entendu, l'astrologue qui procède ainsi dépend totalement de son client, seul à détenir le détail des avatars de son existence. Il en est bien évidemment tout autrement quand on a affaire à des personnages célèbres ou du moins dont la vie a laissé des traces dans la mémoire collective, ou en tout cas sur Internet (googlisation) sans devoir se contenter de l'état civil (naissance, mariage(s), accouchements, décès). Mais pourquoi nous demandera-t-on, ce qui vaut pour Napoléon ou pour Einstein ne vaudrait pas pour tout un chacun? On croit qu'il s'agit là d'un argument imparable!
Etrangement, c'est au nom du collectif - nous sommes tous pareils- que l'on en viendrait à revendiquer le droit personnel au thème natal! C'e qui manque dans une telle représentation, c'est la figure du mâle dominant et la symbolique du Père.(Pater familias) Pourtant, l'Histoire atteste suffisamment à quel point les peuples sont conduits (leader, en anglais, Führer en allemand) par des chefs (mot qui signifie tête, comme dans couvre-chef, en arabe raïs, avec la même étymologie). Qui ne voit que le thème natal, base de l'astropsychologie, est surdimensionné et contraint l'astrologie à des acrobaties sémantiques pour passer du mode majeur au mode mineur?
Cette astropsychologie, qui apparait comme tellement plus recommandable que l'astrologie prévisionnelle, comporte donc ses excès elle aussi quand elle prétend s'appliquer à chacun d'entre nous, tout comme la prévision, dit-on, bascule dans la prédiction. Dans les deux cas, c'est le même travers qui est à observer: la recherche du détail qui fait mouche, de l'anecdote, du souvenir qui ne s'inventent pas comme lorsqu'un voyant vous "sort" le prénom de votre grand-mère! On est là dans la toute petite Histoire...En ce sens, on nous dira qu'un astrologue a plus de mérite à étudier un parfait inconnu qu'une personnalité peu ou prou médiatique....
A mi chemin entre l'astropsychologie et l'astrologie "mondiale", l'on trouve les transits qui sont assez bien cotés parce que "c'est de l'astronomie". ce qu'il faut dire vite. Car si l'on calcule effectivement les transits au moyen d'éphémérides, cela ne signifie pas que cela fasse sens pour l'astronomie car l'astronomie est -aussi - une auberge espagnole, où chacun trouve ce qu'il apporte...
On nous parle du "retour "de telle planète sur sa position natale, ce qui fait que chacun vit ce retour en décalage par rapport à son voisin et c'est vrai que l'on n'a pas tous 30 ans en même temps. Cette théorie des âges, qui va de sept ans en sept ans ) n'a, selon nous, strictement rien à voir avec l'astrologie, en dépit de ce que soutient J.P. Nicola, pas plus d'ailleurs que le calendrier électoral de tel ou tel pays.
Ce qui intéresse, selon nous, l'astrologie, c'est ce qui est partagé, le vécu ensemble, en, synchronicité, en simultanéité et non ce que chacun expérience dans son coin, avec son horloge intérieure. Non pas certes que la vie n'offre pas un certain nombre de stades conduisant de la naissance à la mort, mais l'astrologie ne peut qu'en tenir compte sans qu'elle doive oublier qu'elle dispose de repères qui lui soient propres et obéissent à une autre logique.
A force de vouloir "coller" à des cas particuliers, l'astrologie risque fort de glisser vers sa propre déstructuration. Certes, l'astrologue nous parlera du cycle de Saturne et des phases qui sont les siennes, selon les aspects qui se forment successivement ou au passage d'un signe à l'autre mais il sera amené à ajouter que tout cela se combine avec d'autres cycles, ce qui vient carrément tout embrouiller et casser le profil de la belle dynamique esquissée. Qui trop embrasse mal étreint!
Dès lors, la succession des échéances astrologiques devient fort confuse et tout concourt à ce qu'il n'y ait jamais de récurrence, de répétition exacte des configurations. Or il est probable que l'astrologie soit née, tout au contraire, de la détermination de configurations se reproduisant régulièrement, au cours d'une génération, donc à intervalles relativement rapprochés.
En fait, tout se passe comme si l'astrologie était tombée aux mains de gens qui lui sont étrangers, -c'est le cygne élevé au milieu de canards- et qui la maltraitent, qui la dénaturent, la sabotent, tout en affirmant, péremptoirement, vouloir son bien!
Comme nous l'avons exposé au dernier colloque NOA de Paris (sur la Télévision Astrologique), le rôle de l'astrologue de cabinet au XXIe siècle sera de déterminer quelles sont les personnes qui relèvent de l'astrologie de façon directe, de par leur sensibilité aigue à certaines configurations cycliques et ceux qui se situent plutôt dans un collectif qui s'unifiera par ses choix de leaders. S'il est en effet précieux que quelques humains soient branchés sur le cosmos, il l'est également que le "démos" joue son rôle quantitatif, par un processus de convergence et de consensus qui est complémentaire.



02.04. 10
4- cf. l'entretien avec Daniel Giraud, entre autres)
5- voir les reportages sur la journée "Saturne" de Berck/mer de mars 2010, sur la télévision astrologique et bien entendu le Congrès Source consacré à ce thème, en 2007

1 commentaire:

Sovania a dit…

Tres bon article, ca fait plaisir de lire ce genre de site! bonne continuation.
gay telephone