dimanche 11 juillet 2010

Le sexe comme ultime refuge dans un monde d'expédients.

par Jacques HalBronn

Notre civilisation accorde une grande importance au sexe. Pourquoi? Outre le fait que nous nous reproduisons, que nous faisons des enfants, qu'est ce qui confère, par ailleurs, une telle importance à l'activité sexuelle, à l'acte de "faire l'amour", sous toutes ses formes homosexuelles ou hétérosexuelles en passant par l'onanisme?
Nous voudrions, dans le présent texte, montrer que cette focalisation sur le sexe et plus généralement sur le contact physique est le résultat de frustrations que notre monde provoque chez la plupart d'entre nous et qu'il s'agit là du symptôme d'un malaise, d'un "mal du siècle".
Le sexe, disions-nous, en notre titre, comme "ultime refuge", en effet, dans ce monde qui est le nôtre, qui est notre œuvre, et qui tend à se déshumaniser même dans ses manifestations prétendument les plus "humaines". Au vrai, de nos jours, nous avons bien du mal à déterminer si la technologie est ou n'est pas "humaine" puisqu'elle est l'œuvre de l'Homme! Face à une telle ambigüité, bien des défenses immunitaires sont neutralisées.
Prenons le cas des spectacles, quoi, en règle générale, de plus artificiel que ces manifestations où tout est répété indéfiniment, qui ne voit là un caractère mécanique à tout ce qui se passe sur la scène? En fait tout y est truqué, par delà même les effets spéciaux. Cela vaut pour un orchestre comme pour un soliste. Certes, d'aucuns nous répondrons qu'il y a toujours un petit plus qui fait que ce n'est jamais tout à fait pareil d'une fois sur l'autre. Mais ce ne sont là que des miettes dont on n'est pas obligé de se contente, à commencer par le public.
A part les matches de foot où la part de l'imprévu est évidente ne serait-ce que parce que l'on n'a pas encore appris à réussir une passe à tous les coups, et où de toute façon, on est spectateur et non pas acteur - sauf pour ce qui est évidemment des joueurs, existe-t-il beaucoup d'occasions de voir des gens être dans le présent et non en représentation de quelque chose de réchauffé? Ne vit-on pas dans un monde du "play back" et du "replay", du "record", à outrance? Et cela vaut même quand nous parlons et quand nous mangeons puisque nous utilisons des mots qui sont préfabriqués - la langue dans laquelle nous nous exprimons - et que nous nous nourrissons d'aliments bien souvent trafiqués.
Comparativement, le rapport sexuel semble comporter une dimension de spontanéité qui se fait rare dans un monde de convenances-de ce qui est "convenu" - et d'expédients.
Certes, les partenaires peuvent s'en tenir à des postures qui reviennent d'une fois sur l'autre - ce qui peut donner une sensation de routine- mais cela vaut aussi pour le sommeil. Il n'empêche que pour notre corps, c'est un moment d'une certaine intensité, de sensations fortes, et ce à chaque échange et il n'est pas question de faire les choses mécaniquement. Accessoirement, la procréation est aussi une opportunité assez unique d'accéder à un réel sentiment de créativité, d'où le mot même de procréation.
Nous voudrions ici rapprocher sexualité et alimentation. Si l'on se nourrit mal, le sexe revêtira une importance disproportionnée, exacerbée. Changer ses habitudes alimentaires est susceptible, a contrario, de vivre sa sexualité sur un mode moins dramatique.
En effet, il n'y a pas une si grande différence entre manger un fruit bien mûr et embrasser quelqu'un sur la bouche (baiser profond) ou sur le sexe (fellation, cunnilingus). C'est plus sensuel que de manger des biscuits ne serait-ce que parce qu'on a là la combinaison du solide et du liquide. Selon nous toute nourriture devrait combiner, de façon naturelle -et non artificielle - liquide et solide.
En conclusion, une des rares occasions où les humains sont dans l'authenticité et ne peuvent se faire remplacer, c'est lorsqu'ils font l'amour. La façon dont ils se nourrissent est de plus en plus "désincarnée" , ce qui signifie qu'ils ne perçoivent plus la causalité des choses: un enfant boit un jus d'ananas sans avoir jamais découpé un ananas, mange un hamburger (viande hachée) sans avoir jamais eu en main un vrai morceau de viande. Le mot clef ici est propreté. Il ne faut pas se salir les mains et les mères préfèrent que les enfants mangent des choses qui ne tachent pas, qui ne salissent pas, qui ne pourrissent pas d'où leur préférence pour les jus et les biscuits en tous genres.



JHB
04.04. 10

1 commentaire:

Sovania a dit…

J’ai sincèrement apprécié cet article qui apporte une véritable aide.
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