Par Jacques HalBronn
L’astrologie actuelle se nourrit de deux mythes de notre civilisation, celui d’un cosmos cohérent et celui d’un langage cohérent. Car qu’est l’astrologie, étymologiquement sinon un astro-logos, un langage des astres, comme disait Paul Choisnard ?
Le problème, c’est que ce qui sur le papier peut sembler fiable se révèle assez vite trompeur et voué aux lectures les plus diverses.
Cela vaut pour le cosmos qui tel que les astrologues le traitent en sort très embrouillé, alambiqué, à commencer par le thème natal qui est aux antipodes de la simplicité relative du parcours du soleil à travers les 12 signes zodiacaux. Les novices ne s’en rendent pas compte immédiatement dans leur naïveté mais les astrologues font preuve d’un malin génie à compliquer les choses au nom d’un gain de précision qui justifie un luxe de subdivisions (cf. la conférence de Caroline Gindre, sur la Lune Noire, sur le site de Source) qui ne sont astronomiques que parce que l’on peut les situer mathématiquement dans le ciel.
Signalons le paradoxe mis en évidence par Serge Bret Morel (site L’astrologie et la raison) :
. « Nous innoverons donc aussi sur ce point vis à vis de la tradition astrologique : ce qui semblait jusque là contraignant par nature car ne découlant pas d’une intuition de l’astrologue, deviendra paradoxalement source de contingence pour raison de complexité. Si l’on préfère : si quelques configurations astrologiques auraient été symboliquement contraignantes, leur grand nombre (en général plus d’une centaine par cumulation de techniques…) annule littéralement cet aspect contraignant. L’astrologue a tant de cordes à son arc que l’interprétation devient toujours réalisable, et puisqu’il ne peut les utiliser toutes il devra CHOISIR parmi elles celles qui lui semblent le plus utiles pour interpréter une situation »
Nous ajouterons que le constat d’une telle complexité interpelle quant à la genèse même de l’astrologie telle qu’elle est volontiers présentée par les astrologues. S’il y a eu découverte des « lois » astrologiques, il aura fallu qu’elles soient simples et récurrentes, ce qui montre à quel point la pratique actuelle est décalée par rapport à l’idée d’une astrologie originelle. On a là comme une sorte de double bind.
Mais cela vaut également pour le langage qui n’est rigoureux qu’en apparence car il se prête à toutes sortes de malentendus et de contorsions dès qu’il y a désaccord et surtout quand celui qui parle ne connait pas grand-chose de ce dont il parle, à savoir cet autre en face de lui ou cet avenir qui lui échappe.
Dans ce numéro du JBA, nous avons dénoncé certaines dérives sémantiques qui finissent par se retourner contre l’Astrologie. Le mot « Source » ne doit pas, par exemple, être perçu comme devant être pris à la lettre. Rechercher la source de l’astrologie consiste à déterminer comment les hommes ont instrumentalisé le monde et non à revenir sur cette instrumentalisation sous prétexte que leur perception du monde était fausse ou en tout cas incomplète, ce qui nous semble être la clef de l’astroscepticisme d’un Serge Bret Morel. De même le mot « Loi » ne renvoie pas forcément à la Nature, il a une autre acception qui est celle du Droit. Il serait à rapprocher du mot »Règle » qui correspond à l’idée de mesure, au départ toujours arbitraire mais nécessaire.(voir nos texte sur le Métros et le Nomos, sur le JBA)
JHB
18. 04. 10
1 commentaire:
Je suis tombé sur ton site depuis un retweet, donc j’interagis et je met des commentaires quand cela m'interpelle et que ça en vaut la peine.
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