Bien que le découpage en signes nous apparaisse comme artificiel - il y a en effet diverses façons de découper un cycle, l'on peut néanmoins recourir aux dits signes, pour fixer des phases successives. Mais en tout état de cause, rien ne saurait se comparer à la conjonction en tant que fait astrologique. Les phases qui en découlent n'en sont que la conséquence et constituent une astrologie en creux.
Il arrive que les événements réactifs se révèlent les plus mémorables. Or, ce qui est réactif ne se comprend que par rapport à ce à quoi il est ainsi réagi. Si l'on traduit un tel propos astrologiquement, cela signifie que la configuration céleste à rechercher ne sera pas celle de la réaction.
Ce qui nous renvoie à la question, si importante, des orbes. Un événement, selon nous, se prolonge et se poursuit bien au delà du temps de la configuration astrale déterminante, sans qu'il faille chercher une autre configuration astrale qui ferait relais.
Si l'on suit un tel raisonnement jusqu'au bout; l'on en arrive à une astrologie mondiale très dépouillée et épurée, qui renonce à "courir" après l'événement pour en expliciter le temps de l'occurence..
Mais l'on peut tout aussi bien contourner le problème, quitte à utiliser le découpage zodiacal comme repérage. Nous dirons donc que le passage de Saturne en signe cardinal correspond à un temps de protestation, de réaction, de dénigrement. Il s'agit là simplement d'une position moyenne, statistique, mais nous avons pu observer qu'elle est satisfaisante, tout en rappelant que le passage en signe cardinal fait bien évidemment suite au passage en signe mutable, où se produisent les conjonctions de Saturne avec les quatre étoiles fixes royales. Le signe cardinal est le lieu de ce que nous avons appelé depuis déjà un certain temps la disjonction, c'est à dire la "sortie" de conjonction, que ce soit par opposition à ce qui s'est engagé ou que ce soit par volonté de prendre le relais.
Les événements de 1968-1969 correspondants à la fin du "règne" de De Gaulle, sont un bon exemple, une belle illustration de ce que nous avançons.
En mai 68, où se trouve donc Saturne? A 18-20° du bélier, signe cardinal. On est loin de la conjonction de Saturne au début des Poissons et de son passage sur l'étoile Fomalhaut, qui aura vu élire De Gaulle au suffrage universelle, au mois de décembre 1965, à la présidence de la République. Saturne était alors à 10-12° Poissons, donc dans le cadre de la conjonction.
1969 qui voit le départ du général sera marqué par la victoire du "non" au référendum voulu par le président. Quant à Georges Pompidou, le premier ministre sortant, il se verrait bien - et ce sera d'ailleurs le cas- succéder à un De Gaulle démissionnaire.
Nul n'est besoin, ici, de rechercher une quelconque configuration se produisant dans le ciel au moment de mai 68, il suffit de relever un processus réactif se produisant, grosso modo, à mi parcours, au mi-point entre deux étoiles fixes royales. Même la Guerre des Six jours de juin 67 n'est pas "marquée" dans le ciel car elle est d'abord une réaction aux agissements du raïs d'Egypte Gamal Abd El Nasser. Saturne en ce mois ci se trouvait à 10-11° bélier.
¨Passons à 1989 et au mouvement de protestation en Europe de l'Est, comme on disait à l'époque. Faut-il comme le soutient André Barbault, rechercher une configuration céleste marquante pour rendre compte des événements de la fin 1989.? Nous ne le pensons pas et nous n'accordons aucune importance à la conjonction Saturne-Neptune mais bien plutôt à la présence de Saturne dans le signe cardinal du Capricorne. à 12°-16° du dit signe du capricorne. Entendons nous bien, il ne s'agit aucunement ici d'affirmer que c'est le signe du capricorne dans lequel Saturne est entré alors qui aura provoqué les événements dont il est question. Ici le signe ne fait que mesurer le temps écoulé depuis la conjonction.
Ainsi, voit-on reliés 1968 et 1989, tous deux marqués par le passage de Saturne dans un des quatre signes cardinaux, soit un intervalle de 21 ans, ce qui correspond à 3 x 7.
Un autre bon exemple est 1997, avec un processus réactif typique faisant suite à l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, en 1995. La dissolution de 1997 suivie de l'arrivée d'une majorité de gauche, début juin, se place sous un Saturne au milieu du signe du bélier, à 17°
On nous objectera que la fin de l'année 1995 avait déjà été marquée par une forte protestation, alors qu'astrologiquement Saturne se situait encore au milieu des Poissons. Il se trouve que nous avons en son temps publié une plaquette intitulée "L'astrologie selon Saturne", à la veille des événements qui concluront la dite année 1995....(Ed de la Grande Conjonction, 1995). Nous écrivions alors: " Un événement à venir et à deviner, le dernier rendez-vous important avant l'An 2000; Faut-il vraiment s'attendre à un événement remettant en cause le pouvoir ou débouchant sur des réformes sociales majeures, comparables à celles demandées par le Front Populaire? Faut-il y voir une période de grèves très dures et durement réprimées? Il faut s'attendre en tout cas à des événements rééditant des cas de figure apparus lors des passages précédents de Saturne en Bélier" (p. 9)
Notons qu'à l'époque, nous n'avions pas encore adopté le référentiel des quatre étoiles fixes royales et que notre balisage dépendait des axes équinoxiaux et solsticiaux. Nous écrivions alors "lorsque Saturne approche d'un point équinoxial (0° bélier ou O° balance), il introduit un climat de tensions internes au sein de chaque société" (p. 5)
Avec le recul, ce qui eut lieu en 1995 n'eut pas d'effet immédiat sur la situation politique française sauf précisément à se reporter à 1997 qui mit fin à une sorte d'impunité de la part du gouvernement Juppé.
Notre erreur, due à l'obstacle épistémologique du rejet par l'astrologie francophone de la seconde moitié du XXe siècle des étoiles fixes, notamment en mondiale - avait été à l'époque de ne pas distinguer entre un Saturne en poissons, lié à l'étoile fixe Fomalhaut et un Saturne en Bélier; en disjonction, ce qui nous faisait associer abusivement le ballottage de 1995 avec Mai 68: "1965 De Gaulle est au pouvoir depuis 1958. Il demande le renouvellement de son mandat (...) Au premier tour, le général est en ballottage face à François Mitterrand. (..) Dans la foulée, on trouve mai 1968 avec Saturne en Bélier (18°)". Nous confondions ainsi un état de grâce qui avait somme toute permis à De Gaulle de l'emporter avec mai 68 et l'échec du référendum de 1969. Il faut se méfier d'une astrologie qui brasse trop large et qui englobe allégrement des événements de nature bien différente. Même 1789- avec Saturne en poissons - n'apparait, avec le recul, que relativement modérée dans ses manifestations et ses exigences - le roi reste au pouvoir - par rapport à 1792 et 1793, années marquées par un Saturne en bélier! La radicalisation du rejet doit attendre le passage de Saturne en signe cardinal. Louis XVI sera exécuté en 1793..
Si l'on applique notre modèle aux événements du XIXe et du XXe siècle, l'on retrouve ce sursaut de résistance parfois assez vain, parfois bien tardif, lors du passage de Saturne dans l'un des quatre signes cardinaux. Qu'il s'agisse des Russes face à Napoléon, en 1812 (Capricorne), des Alliés face à Hitler en 1938, à Munich.( Bélier). Dans certains cas, comme à Stalingrad, il ne s'agit pas d’une disjonction mais bien d’une conjonction (Saturne est en Gémeaux) à laquelle il conviendra de tenter de résister à Yalta, qui est une sorte de Munich. La comparaison céleste des deux rencontres est édifiante, à 7 ans d'intervalle:
Munich 30 septembre 1938 Saturne à 16° Bélier
Yalta:. du 4 au 11 février 1945 Saturne à 14° Cancer
Quant à la bataille de Verdun en février-mai 1916 (Saturne en cancer), elle est à rapprocher du Débarquement de Normandie de juin 1944 (entrée de Saturne à nouveau en cancer), à 28 ans d'écart. Bien entendu, la même configuration agira en rapport avec les enjeux locaux mais toujours dans le même sens à savoir contenir un processus unificateur jugé envahissant et qu'il convient de contrôler..
Il convient donc de s'attendre avec la prochaine entrée de Saturne en balance à des manifestations de réaction dont certaines revêtiront certainement un caractère assez spectaculaire. Que cherchera-t-on à arrêter, à contenir que ce soit militairement (à la façon Verdun) ou diplomatiquement (à la façon Yalta)? S'agira-t-il des implantations israéliennes en Cisjordanie jugées de plus en plus insupportables? De la menace nucléaire iranienne ou coréenne? De tel ou tel "empire" médiatique, commercial dont les visées semblent sans bornes? Il est conseillé à certains d'adopter un profil bas pour ne pas trop attirer l'attention....quitte à passer le relais à des personnages moins marqués.
Que l'on nous comprenne bien, lorsque nous mettons l'accent sur le passage de Saturne dans un signe cardinal, nous considérons le zodiaque comme une échelle de temps et non comme un espace exerçant quelque influence. Quand Saturne entre dans un signe cardinal, cela signifie que du temps s'est écoulé depuis la conjonction en signe mutable. Ce n'est là qu'une moyenne, qu'une probabilité statistique mais il semble bien qu'elle tienne la route et puisse donc utilement servir de façon fiable au travail de l'astrologue en mondiale. Le paradoxe, c'est que ces moments de résistance sont souvent plus mémorables que ceux auxquels ils s'opposent et dont les commencements sont parfois oubliés. Or, astrologiquement parlant, ce sont ces commencements qui correspondent à des configurations célestes tandis que les réactions qu'ils provoquent relèvent d'une mathématique. On retrouve là, quelque part, la dualité entre transits et directions, entre positions et projections.
Nous dirons que la phase cardinale de Saturne est comparable à la Pleine Lune, elle indique une sorte de mi-temps. A propos, l'on notera que le décalage est évident entre le zodiaque saisonnier et les conjonctions stellaires. Pour le zodiaque saisonnier, ce sont les signes cardinaux qui entament chaque saison alors que du point de vue du cycle saturnien (selon l'astrologie 4 Etoiles), ce sont les signes mutables qui correspondent à la conjonction, en rappelant que les constellations concernées correspondent au niveau saisonnier aux signes fixes et qu'elles ont en quelque sorte glissé vers les mutables du fait de la précession des équinoxes.
En fait, la phase de protestation est bien plus spectaculaire puisqu'elle implique tout le monde et pas seulement les émetteurs de la phase conjonctionnelle. Au niveau de la réactivité, l'impact est infiniment plus vaste. Et il n'en est pas moins prévisible astrologiquement en ce qu'il se produit après un certain délai assez bien quantifiable, après la conjonction. Certes, cette phase n’est-elle pas déterminée au moment où elle a lieu par une quelconque configuration astronomique, elle relève du calcul mathématique, au demeurant des plus simples. Or, il nous semble bien que cette dualité entre l'astronomique et le mathématique soit au cœur de la démarche astrologique : les planètes et les étoiles sont des données astronomiques, les constellations, les signes, les maisons, les directions en sont une projection mathématique, ce qui signifie d'ailleurs que l'on peut en modifier la structure en recourant à des subdivisions plus ou moins fines (ce qu'avait bien compris Gauquelin pour nombre de secteurs). Il est donc regrettable que l'on mette sur le même plan ces deux niveaux cognitifs:l'astronomique et le mathématique, l'alphanumérique, notamment en conférant au zodiaque une réalité archétypale qu'il n'a pas. Les astronomes, au demeurant, sont parfaitement conscients de l'existence et de la nécessité d'un tel distinguo et se gaussent de voir les astrologues ne pas en être conscients.
Pour faire écho à une actualité immédiate, l'affaire de Jean Sarkozy, fils cadet du président de la République, à propos de sa nomination à la Défense semble bien s'inscrire dans une phase de protestation, de réaction. L'entrée dans les jours qui viennent de Saturne en balance - bien que nous n'accordions qu'une importance toute relative au passage d'un signe à l'autre- semble devoir confirmer notre modéle ou en tout cas l'illustrer. La presse parle d'un recul de la part de Nicolas Sarkozy, qui serait allé trop loin ou plutôt qui aurait poursuivi trop longtemps un processus d'expansion qui était voué de toute façon, tôt ou tard, à se borner. Si nous avions été son astrologue, nous lui aurions conseillé de ne pas tarder et de considérer le passage de Saturne en balance -(comme en tout autre signe cardinal, d'ailleurs) comme pouvant - et les exemples sont légion- générer des résistances de toutes sortes. Ce qui pouvait passer il y a un an, voire il y a quelques mois aura de plus en plus de mal à passer désormais. Il y a là une course contre la montre et cela vaut pour tous leaders "conjonctionnels". En revanche, cette phase paradoxale favorise les tribuns protestataires, ceux qui crient '"assez!", "raz le bol!". Phase assez cruelle pour les leaders du premier type risquent d'être remerciés ou en tout cas contestés, à moins qu'ils ne soient également capables de se muer en leaders du second type en résistant, à leur tour, à d'autres expansions. considérées comme encore plus redoutables et pernicieuses....Le cas de Hitler est assez remarquable quand à un moment donné, il a désigné le communisme comme l'archi-ennemi de tout le monde occidental et capitaliste. C'est dire que sur le terrain, la lecture des événements ne se caractérise pas forcément par sa transparence. Un même homme peut incarner tour à tour l'envahisseur et celui qui lutte contre un mal bien plus terrible que celui qu'il incarnait lui-même.
JHB
23. 10. 09